L’odeur du chocolat n’aura pas eu le temps de s’estomper pour Juliette Brun. Après avoir l’annonce en août de la faillite de son entreprise Juliette & Chocolat, qui a entraîné la fermeture de ses huit restaurants, voilà que la marque revit avec l’ouverture d’une franchise à Montréal au cours de la prochaine semaine.

Et un second établissement servant les brownies et autres délices sucrés associés au logo rouge pourrait ouvrir ses portes en 2024. Alors que plusieurs PME peinent en ce moment à rembourser l’aide gouvernementale reçue pendant la pandémie et jonglent avec l’idée de mettre la clé sous la porte, Juliette & Chocolat semble prête à rebondir.

« Oui, on renaît. C’est vrai que c’est assez rapide », lance Juliette Brun au bout du fil.

Il y a un peu plus de trois mois, la fondatrice de l’entreprise annonçait la fin de son aventure et de ses brunchs chocolatés parce qu’elle étouffait sous les remboursements. Or, au moment où elle faisait faillite, des franchisés avaient déjà entrepris des démarches pour ouvrir un établissement aux couleurs de Juliette & Chocolat, rue Sauvé, dans Ahuntsic.

Consciente que la marque pouvait devenir moins alléchante pour les futurs propriétaires, Mme Brun savait que le projet risquait d’être compromis.

« C’est vrai que ça peut faire peur de redémarrer avec une entreprise qui a fait faillite, reconnaît-elle. Je suis allée les voir et je leur ai dit que c’était leur choix à 100 %. Je leur ai dit que j’étais bien consciente que la donne avait changé. »

« Toutes mes succursales affichaient des ventes en croissance. Dans mon cas, c’est un concours de circonstances. J’ai pris des prêts pendant la pandémie et ces prêts étaient trop importants pour les revenus que je générais, ajoute-t-elle. Je leur ai dit honnêtement : je ne vous vendrais pas un concept si je ne pensais pas que ça pouvait fonctionner. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Un second établissement servant les brownies et autres délices sucrés associés au logo rouge pourrait ouvrir ses portes en 2024.

De leur propre aveu, les quatre copropriétaires ont vécu beaucoup d’inquiétudes et d’hésitations lors de l’annonce de la fermeture des huit restaurants au début du mois d’août. « Elle nous a donné le choix, indique Midean Mhmod. Mais j’ai vu que la marque était forte. Beaucoup de gens nous ont dit qu’ils voulaient que Juliette & Chocolat revienne. »

Il raconte être lui-même tombé sous le charme des comptoirs de Mme Brun il y a un an et demi lorsqu’il a quitté la Syrie pour le Canada et qu’il faisait la tournée des cafés afin de s’inspirer pour se lancer en affaires.

Ses partenaires d’affaires et lui ont donc réappris à travailler avec Juliette Brun et ont décidé d’aller de l’avant. La femme d’affaires a pris soin d’aller voir tous ses fournisseurs pour savoir s’ils étaient prêts à refaire équipe avec elle. « La majorité des fournisseurs ont été très conciliants, très à l’écoute. »

Juliette Brun a également redémarré ses activités dans son atelier où le chocolat confectionné est destiné à la vente en ligne.

Vers un nouveau modèle d’affaires ?

L’établissement de la rue Sauvé risque de ne pas être le seul à relancer la marque. Un autre établissement pourrait ouvrir en 2024 près du marché Jean-Talon, confirme Mme Brun. D’anciens membres de son équipe ont manifesté le désir d’exploiter un Juliette & Chocolat. Est-ce que l’ouverture de franchises deviendra le nouveau modèle d’affaires de la marque ? « Honnêtement, c’est le modèle qui a le plus de sens », répond Mme Brun sans hésitation.

« J’adorais ce que je faisais quand j’avais mes propres restaurants, mais j’étais toujours en train d’éteindre des feux, raconte-t-elle. S’il manquait quelqu’un, c’était moi [qui remplaçait]. J’étais tout le temps dans les succursales, sept jours sur sept. »

La propriétaire affirme qu’elle peinait à faire avancer ses projets puisqu’elle était toujours sur le plancher. « Maintenant, je veux des opérateurs pour gérer le quotidien. »

Depuis l’annonce de sa fermeture, Juliette Brun dit recevoir beaucoup d’appels de gens désireux d’ouvrir un établissement sous l’enseigne de Juliette & Chocolat. « Les gens qui m’écrivent sont des fans de Juliette & Chocolat. Ce ne sont pas juste des gens qui veulent investir leur argent. »