Les producteurs de céréales du Québec s’inquiètent de la multiplication à venir des éoliennes qui vont réduire les superficies cultivées et grignoter la sécurité alimentaire de la province.

Avant d’annoncer une expansion éolienne, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec auraient pu au moins consulter ceux qui occupent et cultivent le territoire, déplore Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec, dans un entretien avec La Presse.

Depuis l’annonce du plan d’action d’Hydro-Québec qui prévoit tripler la production d’énergie éolienne d’ici les dix prochaines années, les promoteurs ont déjà fait leur apparition dans les campagnes du Québec pour flairer le vent, dit-il.

« Il y en a qui pensent que la plupart des producteurs de céréales attendent après ça », dit Christian Overbeek. C’est loin d’être le cas, selon lui.

Il y a d’autres considérations que les redevances versées aux producteurs qui accueillent des éoliennes dans leurs champs. « Une éolienne, ce n’est pas juste un poteau au milieu d’un champ, dit-il. Il y a des chemins d’accès, des installations de conversion et de transmission, sans parler des équipements lourds qui perturbent les terres pendant la construction. C’est plus invasif que ce que disent les promoteurs. »

Au Québec, le territoire cultivé se fait manger des morceaux chaque année.

Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec

Hydro-Québec estime que la multiplication des éoliennes est la façon la moins coûteuse d’augmenter rapidement sa production d’électricité.

Les nouvelles éoliennes couvriront un territoire équivalent à 15 fois la superficie de l’île de Montréal, a illustré le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, en présentant son plan pour augmenter la production éolienne de 10 000 mégawatts d’ici 2035.

La moitié des terres cultivées

L’acceptabilité sociale de la communauté d’accueil est un des critères fixés par Hydro-Québec dans ses appels d’offres pour l’achat d’énergie éolienne. Christian Overbeek souhaiterait que la société d’État accorde plus d’importance aux préoccupations locales dans sa sélection des projets qui lui seront soumis.

Le président des Producteurs de grains du Québec évoque la possibilité d’exiger de nuire le moins possible aux activités agricoles ou d’assurer prioritairement la sécurité énergétique des communautés qui accueillent des éoliennes.

D’autres solutions peuvent aussi être envisagées pour augmenter la production d’électricité, selon lui, comme construire des éoliennes en mer ou hors des zones cultivées. Les enjeux énergétiques ne doivent pas passer avant la sécurité alimentaire, estime-t-il.

Les grandes cultures sont l’affaire de 9500 producteurs et productrices qui font pousser du maïs, du blé, de l’orge, de l’avoine, du soya et du canola sur des terres qui représentent la moitié de la superficie totale cultivée au Québec.

Les Producteurs de grains du Québec sont membres de l’Union des producteurs agricoles, qui s’est prononcée récemment contre un projet éolien de Boralex dans la région d’Arthabaska.