Le volet minier du projet de Nemaska Lithium – qui table aussi sur une usine de transformation à Bécancour – fait miroiter des retombées alléchantes, selon les résultats d’une étude de faisabilité réalisée par l’un des promoteurs et dont les conclusions ont été analysées par des experts.

Cette entreprise phare de la filière québécoise des batteries ne mettrait que 17 mois à récupérer son investissement pour la première portion du projet. Avec des réserves minérales estimées à 26,5 millions de tonnes, la durée de vie de ce complexe minier à ciel ouvert pourrait s’échelonner sur 34 années. Ses besoins en puissance sont estimés à 17 mégawatts en hiver et à 11 mégawatts en été.

Les informations se trouvent dans une volumineuse étude de préfaisabilité d’environ 400 pages réalisée par Livent et déposée auprès de la Securities and Exchange Commission – le gendarme boursier américain. Ce fournisseur américain de lithium transformé détient 50 % de Nemaska Lithium. L’autre moitié appartient à l’État québécois.

Un délai de recouvrement estimé à 1,4 an, c’est très bon. C’est un rapport très bien fait. Les hypothèses semblent tenir la route.

Michel Jébrak, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM

Ce volet du projet devrait exiger des investissements d’environ 475 millions. Si tout se déroule comme prévu, la construction du complexe minier devrait être achevée en février 2025 et la production devrait démarrer l’année suivante.

Deux étapes

Nemaska Lithium ambitionne de transformer du lithium extrait de la mine de Whabouchi, à environ 300 km de la baie James, pour ensuite produire de l’hydroxyde de lithium – essentiel dans la fabrication des batteries lithium-ion pour véhicules électriques – dans le parc industriel et portuaire de Bécancour.

Ce complexe est l’une des cartes du gouvernement Legault pour attirer des fabricants de cathodes – qui représentent environ 40 % du coût d’une batterie – au Québec.

« La mine s’annonce payante, estime André Gaumond, fondateur de Mines Virginia, l’un des plus grands succès d’exploration québécois des dernières décennies. Avec un délai de recouvrement aussi court, cela donne une grosse marge de manœuvre au reste du projet. »

En tenant compte des investissements nécessaires pour la mine et l’usine de transformation, la facture des ambitions de Nemaska Lithium coûtera au bas mot 2 milliards. Jusqu’à présent, Québec prévoit d’injecter jusqu’à 425 millions dans la deuxième mouture de la société, qui s’était placée à l’abri de ses créanciers à la fin de 2019, faisant perdre des dizaines de millions de dollars aux contribuables.

Plausible

L’entreprise chiffre à environ 2000 $ US la valeur de chaque tonne de spodumène produite dans le Nord-du-Québec. Cette hypothèse est plausible, croit M. Jébrak. Sur les marchés, le prix de la tonne oscille aux alentours de 1800 $ US.

Ils risquent par contre de se retrouver devant des obstacles en ce qui a trait au traitement du minerai. Tous ceux qui produisent du spodumène font face à des problèmes. Il n’y a pas encore une tonne d’ingénieurs spécialisés dans ce créneau.

Michel Jébrak, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM

Sur le complexe minier, le concentrateur devrait être situé à plus d’un demi-kilomètre au nord-est du gisement. Le spodumène devra ensuite être transporté jusqu’à Bécancour. M. Jébrak souligne que l’étude de Livent offre peu de détails sur l’impact financier de cette étape.

Depuis le début de l’année, Nemaska Lithium a perdu ses deux principaux dirigeants. Le poste du président et chef de la direction Spiro Pippos a été supprimé en début d’année. En mai dernier, l’entreprise a annoncé le départ du chef de l’exploitation Robert Beaulieu.

Au Québec, la société Sayona a déjà commencé à exporter du concentré de spodumène de La Corne, en Abitibi. La première cargaison de 20 500 tonnes a été vendue à l’international l’été dernier.

En savoir plus
  • 130 millions
    Somme injectée dans la première mouture de Nemaska Lithium en 2018
    La Presse
    200
    Nombre de salariés à la mine de Whabouchi au sommet de sa production
    Nemaska Lithium