Plusieurs évènements récents ont fait ressortir l’importance des organismes de charité. On pense spontanément à la pandémie de COVID-19, à la crise de l’itinérance qui a fait les manchettes récemment ou à l’arrivée des immigrants.

Les récents cris du cœur de ces organismes à propos de leur financement nous amènent à réfléchir sur leurs sources de financement, à savoir les entreprises et les particuliers d’une part, et d’autre part l’État qui les finance directement et indirectement par les déductions pour don de charité.

Les dons d’une bonne partie des grandes entreprises se situent à 1 % des profits avant impôt, soit la norme des « entreprises généreuses » véhiculée par Imagine Canada, un organisme qui appuie les organismes de bienfaisance dans leur rôle auprès des communautés qu’ils desservent.

Concernant les dons des particuliers, il n’y a pas de définition d’une personne généreuse. Les données les plus pertinentes de Statistique Canada et de l’Institut de la statistique du Québec, bien que datant de plusieurs années, portent clairement à réfléchir.

La première donnée concerne la proportion du revenu du ménage qu’un donateur canadien verse aux organismes de bienfaisance : 2,1 % pour les ménages avec les revenus les plus bas (quintile inférieur) et 0,8 % pour les ménages avec les plus hauts revenus (quintile supérieur).

La deuxième donnée indique que 22,8 % des donateurs canadiens proviennent du Québec, mais que ce pourcentage fond à 9,1 % si l’on considère uniquement les 10 % des donateurs canadiens les plus généreux.

Les donateurs québécois les plus généreux sont extrêmement importants puisque les dons de 80 000 $ et plus en 2021 sont responsables de 65 % du 1,2 milliard en dons versés par des particuliers.

Mais les chiffres indiquent que l’on n’a pas autant de donateurs généreux qu’au Canada compte tenu de notre population et que nos donateurs généreux le sont moins que dans le reste du pays.

On peut donc retenir deux choses : les ménages du quintile inférieur de revenus donnent une leçon de générosité considérant leur faible marge de manœuvre pour des dépenses discrétionnaires, et les mieux nantis au Canada donnent une deuxième leçon à leurs homologues québécois.

Ces constats m’interpellent. En effet, si le quintile inférieur pour le revenu du ménage verse 2,1 % de ses revenus aux organismes de bienfaisance, les autres quintiles ne devraient-ils pas viser 3 %, voire 5 % pour le quintile supérieur ?

La contribution des gouvernements, elle, se fait indirectement par la fiscalité mise en place, entre autres par l’octroi d’un crédit d’impôt à tous ceux qui font un don de charité.

À partir de 2024, Ottawa prévoit modifier le calcul de l’impôt minimum de remplacement avec entre autres impacts de diminuer la capacité des 10 % des Canadiens les plus généreux à faire de grands dons.

Pourquoi réduire le crédit d’impôt pour don de charité alors que les besoins sont énormes et que, à mon avis, les organismes de bienfaisance jouent un rôle majeur dans notre société et se comparent favorablement aux secteurs privé et gouvernemental en termes d’efficacité, de reddition de comptes et d’engagement de leurs employés ? Le gouvernement n’aura-t-il d’autre choix que d’injecter lui-même les dollars qui manqueront aux organismes de bienfaisance ?