« Je n’ai jamais pensé dans ma tête que ce que je faisais était mal », a affirmé le courtier immobilier Mathieu Arseneault, vedette de l’émission Numéros 1 à CASA, au deuxième jour des audiences de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ). Au cours de son témoignage, Mathieu Arseneault a pleuré à plusieurs reprises et relaté toutes les bonnes actions qu’il a faites depuis 14 ans pour aider la collectivité.

« C’est en train de me détruire sur un côté de la médaille », a déclaré un Mathieu Arseneault en larmes lors de l’interrogatoire de l’avocate de l’OACIQ, MIsabelle Martel. Il faisait référence aux commentaires négatifs et aux railleries dont il a fait l’objet dans les médias sans avoir eu l’occasion de donner sa version.

« Ce qu’on voit actuellement, c’est Mathieu Arseneault qui donne de l’argent à des enfants pour avoir des abonnés. C’est à peu près ça que ça témoigne, a-t-il expliqué.

Sauf que Mathieu Arseneault, ce n’est pas ça. Mathieu Arseneault fait ça depuis 14 ans. Mathieu Arseneault donne à peu près dans 20 associations différentes. Mathieu Arseneault est président d’honneur dans plusieurs occasions. C’est ça que les gens ne savent pas.

Mathieu Arseneault, courtier immobilier

Il s’impliquait même avant d’être sur les réseaux sociaux, a-t-il précisé, notamment pour le Gala Méritas chaque semaine pendant six ans et pour Leucan. « Et 90 % de ça, ça ne paraît nulle part », a-t-il précisé.

Mathieu Arseneault a répété à plusieurs reprises au cours de la journée qu’il voulait inspirer et non avoir le plus d’abonnés possible. Il a cité un exemple de ce qui l’inspirait.

« Une chose qui m’a inspiré aussi dans le passé, c’est le club du Canadien de Montréal. Toutes les années, les joueurs vont à l’hôpital Sainte-Justine donner aux enfants, tsé, c’est filmé, c’est le logo du Canadien. »

Aucune réprimande de RE/MAX

Jamais son ancienne agence RE/MAX et ses collègues ne lui ont dit que ses vidéos portaient atteinte à la profession. Au contraire, ils ne disaient que du positif, a-t-il soulevé, affirmant plus tard que l’OACIQ ne lui avait pas donné d’avertissement non plus. Il a su que la vidéo dans laquelle il achète 100 hamburgers pour des sans-abri posait problème seulement le jour où il a été convoqué à l’OACIQ.

Cette vidéo a d’ailleurs inspiré des courtiers de Montréal, qui ont distribué des cafés et des beignes à des sans-abri, a-t-il soulevé.

L’avocate de l’OACIQ lui a demandé s’il avait vu la parodie qu’en avait faite l’humoriste Julien Lacroix.

« Il y a une chose, monsieur le président, c’est que quand une vidéo est virale, parce que des vidéos au Québec, 3 millions de vues, c’est assez rare. Puis que Julien Lacroix, tu regardes son compte, c’est quand même un humoriste qui est quand même très présent sur les réseaux sociaux, beaucoup d’abonnés. Pour lui, répéter une vidéo qui est déjà virale, il est pratiquement certain qu’en faisant n’importe quoi avec cette vidéo-là, c’est un sure shot », a déclaré le courtier en précisant ensuite que l’humoriste le ridiculisait gratuitement.

En après-midi, Mathieu Arseneault a répondu aux questions de son avocat, MMartin Courville, toujours la gorge serrée et les larmes aux yeux, justifiant son état émotif par la mauvaise presse qu’il subit et la crainte de perdre son permis.

Le courtier a raconté l’une des fois où il est venu en aide à un enfant malade, et ce, sans se mettre en scène. C’était en 2017, à la suite d’un appel à l’aide de la mère sur les ondes de TVA. Mathieu Arseneault ne l’avait pas vu, mais des gens l’ont contacté directement, a-t-il expliqué, pour qu’il apporte son soutien. Le courtier a travaillé sur le projet pendant plusieurs semaines afin que l’enfant puisse assister à une partie de hockey du Canadien de Montréal. Il affirme avoir toujours des contacts avec l’enfant en 2023.

À la question de son avocat à savoir pourquoi certains des gestes qu’il fait pour aider les gens sont filmés, il a répondu : « Pour inspirer, simplement. »

Mathieu Arseneault a d’ailleurs cité plusieurs preuves indiquant qu’il inspire autrui. Il a lu de nombreux messages qu’il a reçus de gens de tous les horizons qui lui demandent des conseils, le félicitent pour son excellence, l’énergie positive qu’il dégage, sa générosité et son humilité. « Tu es un modèle », a-t-il lu. « Je te regarde aller et ça me donne le courage de continuer », a-t-il cité.

Il a précisé qu’« une tonne de projets » n’ont pas été mis sur les réseaux sociaux et que son hélicoptère est sorti plusieurs fois pour aider, particulièrement pour retrouver des gens portés disparus.

En fin de journée, Mathieu Arseneault a avoué qu’il n’avait lu les règles sur les réseaux sociaux que la fin de semaine dernière.

« C’est ça, les faits »

En matinée, la syndique de l’OACIQ, Brigitte Poirier, a été appelée à donner sa vision globale de la situation en exposant des faits.

« Il utilise ce problème social pour en faire pratiquement du divertissement, ça devient stagé, avec de la musique triste, et il y a un côté émouvant, et c’est les faits qu’on a observés, a-t-elle expliqué. Maintenant, la conséquence de ça, c’est que maintenant, c’est sorti des réseaux sociaux. »

Selon l’enquête de l’OACIQ, Mathieu Arseneault a commis des gestes qui « portent atteinte à l’honneur et à la dignité de la profession », son chef d’accusation. Le comité doit décider si son permis doit être suspendu d’urgence jusqu’aux audiences sur sa culpabilité, qui auront lieu en 2024.

Les plaidoiries de l’avocate de l’OACIQ, MIsabelle Martel, et de l’avocat du courtier, MMartin Courville, auront lieu vendredi à Brossard. À la suite de la décision sur la requête en suspension provisoire, une date sera déterminée pour les audiences disciplinaires.