Au départ simple producteur de laitue hydroponique, Laitues Mirabel a été rebaptisée l’an dernier Cultures Gen V parce qu’elle est aujourd’hui le plus grand producteur serricole diversifié du Québec, avec quatre sites totalisant 35 hectares, où elle cultive des laitues hydroponiques, des tomates, des poivrons et des concombres biologiques. Fondaction et Investissement Québec viennent de prendre une participation de 33 % dans l’entreprise pour faciliter notamment la relève familiale.

Sylvain Terrault, PDG de Culures Gen V, et son fils Simon, directeur général, me reçoivent dans le complexe de serres de l’entreprise située à Sainte-Clotilde, qui appartenait auparavant à Serres Lefort et où on fait la culture de laitues hydroponiques, de concombres et de poivrons biologiques.

« On a racheté Serres Lefort en 2019 lorsque l’entreprise s’est retrouvée en faillite. On a fait une offre au syndic et aux créanciers qui a été acceptée. C’était important pour nous parce qu’on était déjà un gros sous-traitant de Serres Lefort, avec 600 000 pieds carrés de serres qu’on exploitait à Sainte-Clotilde », m’explique Sylvain Terrault.

Sylvain Terrault s’est joint à Hydroserre – qui produisait la laitue Mirabel – en 1987, comme vérificateur externe, avant de devenir vice-président, finances et opérations, lorsque l’entreprise a été rachetée par le Fonds de solidarité FTQ en 1994.

J’ai pris une participation de 2,5 % à l’époque et en 2008, on a racheté la participation de 70 % du Fonds de solidarité et j’ai racheté par la suite avec ma femme [les parts de] mes partenaires de la famille Desrochers.

Sylvain Terrault

En 2010, le PDG a accepté une offre de développeurs immobiliers qui voulaient acquérir le site de Mirabel, offre qui tombait à point parce que le parc de serres devait être complètement modernisé.

« On a monétisé notre site pour réaliser notre expansion ailleurs. On a racheté en 2008 un site qui appartenait à Savoura à Ham-Nord, qu’on a transformé pour faire de l’hydroponique, et en 2010 on est devenu partenaire de Serres Lefort à Sainte-Clotilde. En 2018, on a acheté un autre complexe de Savoura, à Portneuf, qu’on a aussi adapté à l’hydroponique.

« Lorsque Serres Lefort a eu ses problèmes financiers en 2018, il fallait faire quelque chose pour sauver nos investissements et garder la propriété québécoise de ces actifs. C’est pourquoi on l’a acheté », expose le PDG.

Relève et croissance

La décision que Sylvain Terrault a prise d’investir à Sainte-Clotilde n’est pas étrangère au fait que son fils Simon était pleinement engagé dans l’entreprise.

« Quand il m’a dit qu’il était prêt à prendre la relève, j’ai décidé de foncer. Il était dans l’entreprise depuis cinq ans et il est alors devenu directeur général. Il va prendre la suite avec sa sœur Valérie, qui est notre vice-présidente marketing, et celle qui a trouvé le nouveau nom de Cultures Gen V », explique le PDG.

Pourquoi Cultures Gen V ?

« C’est pour la Génération V, V pour valeurs, verte, vivante, vitaminée, vraie, végé, végan… »

En juin dernier, Cultures Gen V a réalisé l’acquisition de Serres Royales et de son site de Saint-Jérôme, où l’entreprise exploite neuf hectares de serres.

« C’est arrivé subitement. On venait tout juste de racheter nos derniers partenaires quand cette proposition est arrivée. Il a fallu réagir rapidement, on l’a réalisé parce que les Serres Royales font la culture de tomates bio et c’est dans notre niche », explique Sylvain Terrault.

Cette transaction s’est conclue alors que le PDG était en train de négocier avec de nouveaux partenaires financiers, nommément Fondaction et Investissement Québec (IQ), mais il l’a bouclée avant de sceller le nouveau partenariat financier.

On est rendu avec 150 millions d’actifs. C’est devenu gros. On voulait des partenaires qui vont pouvoir nous accompagner dans notre expansion et nous permettre une croissance ordonnée parce qu’ils en ont les capacités et qu’ils ont accès à beaucoup de ressources externes.

Sylvain Terrault

Sylvain Terrault ne souhaite pas dévoiler le montant de l’investissement des deux institutions, mais il convient qu’il est question de dizaines de millions de dollars. Il souligne par ailleurs que Fondaction et IQ vont aussi contribuer à la mise en place d’une bonne gouvernance.

« On avait un conseil de famille, mais là on va avoir un conseil d’administration avec des administrateurs indépendants désignés par nos partenaires qui vont nous donner plus de profondeur », estime le PDG.

En plus de produire laitues hydroponiques, concombres, poivrons et tomates biologiques, Cultures Gen V est responsable de la production de plus de 60 % des transplants utilisés par les producteurs maraîchers du Québec.

Avec ses 3,5 millions de pieds carrés de serres, l’entreprise est en mesure de produire annuellement dix fois plus de laitues qu’une production maraîchère en terre et huit fois plus de poivrons biologiques.

Cultures Gen V emploie 425 personnes en permanence dans ses quatre complexes serricoles, dont plus de 700 travailleurs étrangers temporaires qui réalisent en alternance des stages de six mois au Québec.

L’entreprise, convient Sylvain Terrault, a eu beaucoup de broue dans le toupet au cours des cinq dernières années avec toutes les transactions qui ont dû être conclues.

En plus, en 2022, l’entreprise a été victime d’un incendie important à Sainte-Clotilde lorsque l’atelier de maintenance, la section des semoirs et une partie des serres de transplants ont été détruits par les flammes. Tout a été reconstruit et est pleinement opérationnel aujourd’hui.