Cette semaine, l’auteur britannique du livre Travailler avec des détestables, Roy Lilley, aussi commentateur à la télévision et chroniqueur spécialisé dans les enjeux sociaux et la santé bien connu au Royaume-Uni, répond à nos questions sur le leadership

Depuis que vous avez écrit la première version du livre en 2001, est-ce que le nombre de gens détestables au bureau a baissé ?

Probablement pas ! Le milieu du travail a changé ces dernières années, notamment avec tant de personnes qui continuent de travailler à domicile. Et à cet égard, les défis et les comportements ont changé, mais les humains restent des humains et certains seront encore difficiles !

Croyez-vous que ces types de comportements sont moins acceptés en 2024 ?

Je pense que ces comportements n’ont jamais été acceptables, mais il est peut-être plus facile de les contester aujourd’hui.

Pourquoi aviez-vous eu l’envie d’écrire ce livre à l’époque ?

J’ai dirigé toutes sortes d’organisations et j’ai toujours pensé que les conflits et les problèmes étaient inutiles. J’ai écrit ce livre pour dire aux gens qu’il ne s’agit pas de sortir victorieux d’une dispute, mais de tirer le meilleur parti des gens.

Il y a plusieurs types de personnalités d’employés, de patrons et de clients détestables. Vous en décrivez sept (agressif, mécontent, passif, hypocrite, négatif, indécis et Ti-Joe connaissant), vous nous aidez à les reconnaître et vous nous donnez même des phrases clés à leur dire en cas de besoin. Si vous aviez un seul conseil à donner à ceux qui considèrent qu’ils travaillent avec une personne détestable, quel serait-il ?

L’astuce est de comprendre pourquoi ils sont comme ils sont. Ce qui les motive. Et comme le joueur de judo utilise l’énergie de son adversaire pour le faire tomber au sol, il est possible d’utiliser l’énergie et les traits de la personne avec qui vous travaillez à votre avantage.

Vous parlez de ces mauvais patrons, qui n’ont jamais été formés dans la gestion de personnel et qui sont promus pour toutes sortes de raisons. Ils deviennent arrogants, agressifs, ils hurlent, manipulent, sont anxieux, égoïstes et difficiles à contenter. Vous dites qu’il ne faut pas entrer en conflit avec ce type de dirigeant. Pourquoi ? Et quel comportement est-il préférable d’adopter ?

Personne ne sort jamais victorieux d’une dispute. La situation ne fera que s’envenimer ! Ce qu’il faut faire ? Vous pouvez lui dire : « Je sais que cela est important pour vous et c’est important pour moi aussi, mais je ne peux pas vous aider (ou y faire face) si vous me criez dessus ou me parlez comme ça. Prenons du recul, examinons le problème et voyons comment nous le résoudrons… » Et souriez, de votre meilleur sourire !

Pourquoi, selon vous, les gens n’ont-ils pas encore compris que laisser un sentiment de compétition s’installer entre collègues est malsain ? Vous suggérez à cet effet de plutôt collaborer avec nos collègues pour vaincre les compétiteurs.

Oui, j’encourage les gens à tirer le meilleur parti des autres, en leur disant qu’ils font un excellent travail, en créant le sentiment de faire partie de quelque chose. Quoi que fassent nos concurrents, nous pouvons le faire aussi, et mieux. Nous n’avons pas de concurrents, nous avons des imitateurs.

C’est vrai que quand survient un problème, dans plusieurs entreprises, on part à la recherche des coupables. Mais il y a quelque chose de plus utile à faire pour le bien de l’entreprise, n’est-ce pas ?

Oui, c’est le moment de trouver des solutions pour s’en sortir. Nous ne voulons pas être dans cette situation, alors que devons-nous faire pour y remédier et que devons-nous faire pour être sûrs de ne plus nous retrouver dans une telle situation ?

Comment être un bon leader et gérer le changement quand on sait que les employés les plus adorables risquent de devenir détestables aussi ?

Les dirigeants créent le temps et l’espace permettant aux bonnes personnes de faire de grandes choses. Ils embauchent toujours des gens meilleurs qu’eux et prennent du recul… et s’attribuent le mérite… La solution est d’avancer et d’assumer la responsabilité.

Travailler avec des détestables

Travailler avec des détestables

Saint-Jean Éditeur