Après s’être engagé à fournir de l’électricité à 11 projets industriels il y a quelques mois, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, vient d’en accepter plusieurs parmi les 150 en attente sur son bureau.

La liste des projets choisis sera transmise à Hydro-Québec au début de la semaine prochaine, a fait savoir le ministre, qui était l’invité du Cercle canadien mardi.

La visite du ministre qui cumule plusieurs portefeuilles a attiré plus de 700 convives, mais aussi un groupe de syndiqués de la fonction publique toujours en négociations qui ont bruyamment manifesté au début de l’évènement.

Une fois qu’elle connaîtra la liste des projets retenus par le ministre, Hydro-Québec devra les « séquencer », pour déterminer l’ordre dans lequel ils pourront être réalisés.

« Il n’y aura pas beaucoup de mégawatts » associés à ces projets parce qu’il n’y en a pas de disponibles, a prévenu le ministre.

Le choix a été fait à partir d’une liste de 150 « bons projets » qui réclamaient 13 500 mégawatts d’électricité, soit le tiers de la capacité de production totale actuelle d’Hydro-Québec, a précisé Pierre Fitzgibbon.

Il y aura ensuite une pause dans l’annonce de nouveaux projets, a déploré le ministre. Le Québec a été « pris de court » par l’augmentation rapide de la demande d’électricité, a-t-il dit. « Les projets industriels n’ont pas été bien planifiés. »

Accélérer les projets

Pierre Fitzgibbon estime que certains des projets qui sont sur son bureau vont échapper au Québec. « On va en perdre, mais les gens vont aussi être patients », prévoit-il.

Hydro-Québec a annoncé un énorme programme d’investissement de près de 200 milliards de dollars pour ajouter de 8000 à 9000 mégawatts à sa production d’électricité, dont 3300 mégawatts d’ici 2029. « Hydro-Québec regarde si on peut devancer cette date », a fait savoir le ministre Fitzgibbon.

Le projet de loi très attendu qui doit donner plus de flexibilité à Hydro-Québec et accélérer le développement de la nouvelle production d’électricité a été plusieurs fois reporté. Il sera déposé « avant la fin de la session parlementaire », a indiqué le ministre, pour être débattu à l’été.

Son gouvernement entend aussi soumettre un plan pour le développement énergétique, comme le réclament depuis longtemps de nombreux intervenants du secteur.

Cette planification intégrée des ressources (PIRE) sera faite par le gouvernement et Hydro-Québec, avec la participation des experts du secteur de l’énergie, des communautés autochtones et de l’ensemble de la population, selon le ministre.

Il y a du lithium pour Honda

Le partage des actions de Nemaska Lithium qui appartiennent au gouvernement du Québec est certainement un atout pour inciter Honda à investir au Québec, selon le ministre de l’Économie et de l’Énergie. « Les entreprises de voitures sont soucieuses de l’accès au lithium, au graphite, au sodium, au phosphate, au nickel. Au Québec, on a le privilège d’avoir ces ressources-là. » La clé, c’est une filière intégrée, selon lui. « Alors si c’est une détention partielle pour un joueur quelconque, pourquoi pas ? », dit Pierre Fitzgibbon. « C’est la première fois dans l’histoire du Québec qu’on va prendre des ressources et les garder ici. » Il rappelle que les investissements déjà annoncés dans la filière batterie totalisent 16 milliards et que ce n’est pas fini. « On va finir à 20, 24 milliards peut-être. »