Tous les vendredis, une personne du milieu des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, Catryn Pinard, présidente et cheffe de la direction de l’entreprise de livraison de colis Nationex, répond à nos questions.

Avez-vous un objet préféré sur votre bureau ?

C’est bête, mais c’est le cadre avec ma petite famille, le cadre avec mes quatre enfants de 14 à 24 ans et mon mari. Quand ça va bien, quand ça va mal, je me recentre sur l’essentiel.

Avez-vous ou avez-vous eu un mentor ?

Je dirais que mon mentor, c’était mon père. Nationex est une entreprise familiale de deuxième génération. Mon père a été mon soutien pendant plusieurs années. Il a cru en moi avant que j’y croie moi-même. Avant que je me joigne à l’entreprise, j’avais passé une dizaine d’années à l’extérieur. Le transport n’était pas très sexy et je ne pensais pas faire ça de ma vie.

Et mon père était un bon vivant, il était audacieux, il a tenté des choses, il pensait innovation, il était en même temps centré sur sa famille. Ce sont toutes des valeurs que je préconise.

Quel conseil donneriez-vous à la version plus jeune de vous ?

J’ai peut-être compris un peu tard à quel point les autres sont importants : les vraies relations, créer des relations, s’entourer des bonnes personnes, se laisser inspirer et se laisser guider. Mon meilleur conseil à tous ceux qui commencent, c’est : entourez-vous, prenez le temps d’être avec des gens, prenez le temps d’apprendre à les connaître. Il y a toujours quelque chose qui va en revenir.

Y a-t-il un moment où votre carrière a basculé ?

Mon père est décédé subitement quelques mois après que j’ai pris la présidence. Je pourrais dire que ma carrière a basculé parce que c’est comme si je me retrouvais avec l’héritage de l’organisation.

Auparavant, j’avais toujours une personne à appeler qui pouvait me guider et m’aider. Soudainement, je me retrouvais à me dire : comment je vais m’arranger pour que cette organisation prospère encore, qu’elle soit pérenne ?

Je pensais avoir quelqu’un à mes côtés pendant plusieurs années, et ça n’a pas été le cas.

Quel mot ne pouvez-vous plus supporter ?

Je dirais obstacle, enjeu, impossible, toute cette gamme de mots là. Et je l’ai vécu quand j’ai lancé mon virage vert. J’ai dit à mon équipe : « J’ai acheté 40 camions électriques, il faut les mettre sur la route. Il y a des obstacles, ça ne sera pas facile, mais il y a aussi plein d’opportunités. »

Si on écoutait seulement les gens qui nous parlent de ce qui risque d’arriver et de faire peur, on n’avancerait pas. Pas juste dans notre entreprise, mais aussi à l’extérieur : les clients sont-ils prêts, le Québec est-il prêt, le monde est-il prêt ?

On va le faire changer, ce monde-là, et on va s’arranger pour qu’il soit prêt !

Quel livre ou film avez-vous l’habitude de recommander ?

Un livre qui m’a vraiment marquée, c’est Les 5 grands rêves de vie : les secrets d’une vie pleinement réussie, de John P. Strelecky.

À la fin du livre, le personnage principal passe dans le musée de sa vie et regarde les photos. Moi, je me pose souvent la question : quelles photos ai-je envie de voir sur mon mur de fin de vie ? Ça me ramène à l’essentiel : je veux des photos de ma famille, je veux des photos des employés heureux, je voudrais effectivement un monde meilleur.

Que faites-vous pour féliciter ou remercier quelqu’un ?

Je suis une fille de surprise, j’aime faire des surprises. Je n’enveloppe pas quelque chose quand je veux remercier quelqu’un. Je lui donne un moment à vivre. Ça peut être un repas, une activité, une escapade d’un week-end.

Quelles sont votre meilleure et votre pire habitude ?

Je pense que ma meilleure habitude, c’est de placoter avec le monde ! Quand j’arrive au bureau, pour moi, c’est important de faire le tour.

Ma pire habitude, c’est probablement de remettre mes objectifs personnels au lendemain : remettre à demain mon entraînement, le yoga, mieux manger… Comment le mettre dans un agenda chargé et s’assurer de le maintenir ?

C’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur, mais je ne suis pas capable de me lever à 4 h du matin !

Avez-vous un mantra, une devise personnelle ?

J’ai fait cet exercice-là il y a quelques années, et ça m’a suivie depuis. Pour moi, c’est : créer des moments de bonheur autour de moi. On n’est pas obligé d’aller en Europe pour le vivre. Ça veut juste dire qu’on prend un moment ensemble, et que c’est un vrai moment.

Vous avez pris le virage électrique chez Nationex à l’automne 2023. Conduisez-vous vous-même un véhicule électrique ?

À la maison, on a un véhicule entièrement électrique depuis 2016. Mon mari et moi, on est maintenant 100 % électrique. Quand on a reçu les camions électriques, je les ai conduits, je suis allée me promener !

Qui est Catryn Pinard ?

Catryn Pinard est présidente et cheffe de la direction de Nationex depuis 2015.

Diplômée en droit de l’Université de Montréal et en marketing-management de HEC Montréal, l’avocate avait travaillé cinq ans dans un cabinet montréalais au début des années 2000.

Elle a été directrice juridique de Nationex de 2008 à 2015.

Nationex a été fondée en 1980 par son père, Normand Pinard, et ses associés.

En 2018, elle a racheté les parts des associés pour devenir propriétaire unique.

En septembre 2023, Catryn Pinard a acquis l’entreprise montréalaise de livraison 100 % électrique Courant Plus, pour entreprendre résolument le virage vert de Nationex. L’achat de 40 véhicules électriques a suivi.

Avec quelque 600 employés et 400 véhicules, Nationex livre plus de 10 millions de colis par année.