Si le Vendredi fou, alias « Black Friday », n’a plus rien à voir avec l’effervescence d’il y a quelques dizaines d’années – en grande partie à cause de l’explosion des achats en ligne, accélérée par la pandémie –, cette tradition commerciale devrait encore attirer des millions de consommateurs. Survol.

La National Retail Federation des États-Unis estime que 182 millions de personnes prévoient faire des achats dans les magasins et en ligne pendant les cinq jours du week-end de l’Action de grâce. Le Black Friday devrait mener la charge, avec 130,7 millions d’acheteurs potentiels.

L’expression « Vendredi noir » remonte à plusieurs générations, mais elle n’a pas toujours été associée à la frénésie commerciale des fêtes de fin d’année que nous connaissons aujourd’hui. Le krach du marché de l’or de septembre 1869, par exemple, a notamment été baptisé « Vendredi noir ».

L’utilisation de l’expression en relation avec les emplettes le lendemain de la fête de Thanksgiving est toutefois le plus souvent attribuée à Philadelphie au milieu du XXe siècle, lorsque la police et d’autres employés municipaux devaient faire face à de grandes foules qui se rassemblaient avant le match annuel de football entre l’armée et la marine et pour profiter des soldes saisonniers.

Des références plus anciennes remontent aux années 1950 et 1960.

Jie Zhang, professeur de marketing à l’Université du Maryland, cite une mention du Black Friday parue en 1951 dans une publication spécialisée de New York, qui indique que de nombreux travailleurs ont prétendu être malades le lendemain de l’Action de grâce dans l’espoir de bénéficier d’un long week-end de vacances.

À partir des années 1980, les détaillants du pays ont commencé à affirmer que le Black Friday représentait le moment où ils passaient du rouge au noir, les ventes augmentant les bénéfices. Toutefois, étant donné que de nombreux détaillants sont dans le rouge à différents moments de l’année, cette interprétation est à prendre avec des pincettes, selon les experts.

De Black Friday à Vendredi fou

Le terme Black Friday ayant peu d’échos historiques et étant un mot anglais, il s’est transformé au Québec en Vendredi fou. Les termes « Vendredi fou » et « Mégasolde d’avant Noël » que l’on entend souvent en publicité ont été proposés par l’Office québécois de la langue française (OQLF) en 2013.

Mais pourquoi pas « Vendredi noir » ?

Selon l’OQLF, le calque « Vendredi noir » est déconseillé parce qu’il n’est pas approprié sémantiquement pour désigner le concept. « En effet, l’adjectif “noir”, dans son sens figuré, revêt généralement une connotation négative lorsqu’il est associé au mot “jour” ou au nom d’un jour. Un jour noir est un jour malheureux, voire funeste, au cours duquel se produit un événement tragique pour un ensemble de personnes… », peut-on lire sur le site du Grand dictionnaire terminologique de l’OQLF.