Les deux actionnaires de Coco Village sont loin d’en être à leurs premiers déboires financiers. Dominik Larose et Yoann Desrosiers, qui sont conjoints, ont déjà quelques faillites à leur actif et tous les deux ont déjà fait un dépôt de bilan personnel.

Yoann Desrosiers, 35 ans, a conduit deux autres entreprises à l’insolvabilité, dont le Groupe TBOS en 2018. En faisant faillite, cette boîte de production qu’il présidait a fait perdre près de 3 millions de dollars à ses créanciers, dont des théâtres et de nombreux membres de l’Union des artistes (UDA).

Une autre entreprise dont Desrosiers était premier actionnaire, Solaris Productions, a fait une faillite de 513 210 $ en 2012. La compagnie de spectacles pour enfants était alors en plein litige avec l’UDA pour la signature d’une convention collective.

Les activités de production de spectacles de Desrosiers se sont ensuite poursuivies au sein d’une autre de ses entreprises, Tohu-Bohu. Puis, cette entreprise a fusionné avec une autre société pour former TBOS, qui a fait faillite à son tour, selon des documents de cour.

L’UDA alléguait que la faillite de Solaris était en réalité un stratagème pour éviter la négociation d’une convention collective, mais l’arbitre qui s’est penchée sur le dossier en 2013 a refusé d’intervenir.

Déboires personnels

Yoann Desrosiers a également fait une faillite personnelle en 2018. Les créanciers non garantis ont alors perdu leurs réclamations de 390 868 $.

Dominik Larose, 39 ans, a aussi déposé son bilan personnel en 2010. Il a payé 4146 $ sur les 66 505 $ qu’il devait, selon les documents publics. En 2011, son syndic s’est opposé à sa libération de faillite parce qu’il ne faisait pas les paiements auxquels il s’était engagé et parce qu’il avait acquis des véhicules après le début des procédures grâce à des prêts de ses parents, dont un Cadillac Escalade 2002.

Une faillite auto-déclenchée

En janvier, Desrosiers et Larose ont eux-mêmes provoqué la faillite de Coco Village en exigeant le remboursement d’un prêt qu’une autre de leurs sociétés avait fait au distributeur de jouets. Mais les déboires de l’entreprise ont commencé bien avant, en 2021. Après une croissance considérable, l’entreprise semble avoir vu trop gros, trop rapidement.

Les documents de cour énumèrent une série de problèmes : « augmentation significative des coûts de transport », « importantes perturbations dans la chaîne d’approvisionnement », stock trop important la forçant à « liquider au rabais »…

À l’été 2022, Coco Village demande à une petite banque d’investissement de lui trouver des investisseurs ou un acheteur. Sans succès.

Le plan pour repartir sur de nouvelles bases se met en branle en décembre 2022. Selon les documents publics, les actionnaires Dominik Larose et Yoann Desrosiers créent alors une nouvelle entreprise : 9481-6964 Québec inc., contrôlée par une fiducie enregistrée à leurs noms.

En janvier, une autre société de Larose et Desrosiers, 9420-0466 Québec inc., dépose elle-même un recours contre la compagnie de jouets. Selon les documents publics, la société à numéro compte ainsi récupérer les 708 689 $ qu’elle a dû rembourser à la Banque Royale à la place de Coco Village.

Puis en avril, l’importateur d’articles pour enfants se place sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. La nouvelle entreprise contrôlée par la fiducie de Larose et Desrosiers, 9481-6964 Québec inc., dépose alors une offre pour racheter Coco Village. Le prix offert, de 1,7 million, couvre le total des dettes garanties de la compagnie de jouets.

L’offre est « acceptée » sans surprise : Larose signe à la fois comme président de l’entreprise insolvable vendue et pour celle de la nouvelle société qui la rachète.

Faute d’une meilleure entente, le tribunal entérine l’offre en juin. Deux autres créanciers garantis de Coco Village, les familles Elfassy et Atallah, entrent au capital de la nouvelle entreprise au moment de la transaction approuvée en Cour supérieure.

Dans la foulée, les autres créanciers de l’entreprise, non garantis, doivent faire le deuil de leurs réclamations de 5,7 millions. Selon la liste déposée au Bureau du surintendant des faillites, Revenu Québec a perdu 199 043 $ en taxes non remises.

Contactés par courriel et par le biais de leur avocate, ni Yoann Desrosiers ni Dominik Larose n’ont répondu aux questions de La Presse sur leurs nombreuses faillites.

L’histoire jusqu’ici

2010 : Dominik Larose déclare faillite.

2012 : Solaris Productions, dont Yoann Desrosiers est actionnaire majoritaire, fait faillite.

2013 : Dominik Larose et Yoann Desrosiers fondent Monego inc., qui va devenir Coco Village.

2018 : Le Groupe TBOS de Yoann Desrosiers déclare faillite. L’homme d’affaires dépose aussi son bilan personnel, avec un déficit de 837 596 $.

2022 : Coco Village tente de trouver un acheteur, sans succès

2023 : Coco Village fait faillite. Ses activités sont transférées dans une nouvelle entreprise contrôlée par une fiducie au nom de Larose et Desrosiers, avec d’anciens créanciers garantis comme actionnaires minoritaires.