Si tout se met en branle rapidement entre Québec et Northvolt, c’est moins évident avec le gouvernement Trudeau. La machine bureaucratique est plus volumineuse et tourne moins rapidement au printemps dernier. Elle deviendra mieux huilée après une réunion « très importante » avec la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, à Stockholm, en avril dernier.

Ce rendez-vous est planifié en marge du Conseil des affaires économiques et financières de l’Union européenne, les 28 et 29 avril derniers, à Stockholm, où se trouve également le siège social de Northvolt. Mme Freeland est sur place pour participer à des discussions sur les efforts de reconstruction en Ukraine.

L’horaire est planifié au quart de tour. Même si l’emploi du temps de la ministre est « très serré », on trouve une courte fenêtre, le 29 avril, pour permettre un entretien entre Mme Freeland et les représentants de Northvolt. MM. Cerruti et Carlsson, les deux cofondateurs de l’entreprise, ainsi que la garde rapprochée de la ministre sont sur place. Les deux parties se retrouvent à l’hôtel Quality XPO Arlanda, situé à un jet de pierre de l’aéroport international de Stockholm-Arlanda – le principal de la capitale suédoise.

Nous avions droit à 15 minutes et on a fini à 75 minutes, souligne M. Cerruti. C’était une rencontre très importante. C’était à la fois utile pour elle et pour nous. On a eu l’occasion d’expliquer qui nous sommes, ce que l’on veut faire et pourquoi le Canada nous intéresse. Nous avons vraiment eu l’opportunité d’expliquer ce que nous voulions faire.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Paolo Cerruti, cofondateur de Northvolt

Le nom de Northvolt ne résonne pas encore autant que celui des multinationales Volkswagen et Stellantis. L’homme d’affaires estime que la rencontre avec Mme Freeland a permis de montrer que l’entreprise suédoise est tout aussi sérieuse malgré son jeune âge.

Nous exploitons des usines, on a amassé 8 milliards de capital et nous avons pour 55 milliards de commandes fermes de nos clients. C’est clair que pendant la présentation, elle [Mme Freeland] a découvert des aspects, autant sur les valeurs de Northvolt que sur la maturité de l’entreprise et de l’équipe.

Paolo Cerruti, cofondateur de l’entreprise et président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord

Les deux parties sortent chacune plus confiante. Il faudra encore du temps pour que le dossier se règle. D’importantes avancées surviennent au terme d’une rencontre entre le ministre Eric Girard et son homologue fédérale à Québec, le 30 juin dernier, même si le compte rendu diffusé par le cabinet de Mme Freeland ne contient aucune référence à la filière des batteries. Tout au plus évoque-t-on des discussions sur la « nécessité à prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques ». Au cours de l’entretien, Ottawa fait clairement savoir au gouvernement Legault qu’il doit mettre la main à la pâte pour concurrencer l’IRA et convaincre Northvolt.

« Nous voulons attirer de gros investissements, mais on ne peut pas le faire tout seuls, raconte une source fédérale qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement. La province aussi doit le faire. »

Les deux ordres de gouvernement financeront en parts égales (1,37 milliard pour chacun des ordres de gouvernement) le volet construction du complexe de Northvolt. Le gouvernement Trudeau met cependant bien plus d’argent sur la table en finançant 3,1 des 4,6 milliards offerts à l’entreprise sous forme de subventions à la production.

Les parties interrogées par La Presse ne s’entendent pas sur le moment où les négociations ont été finalisées.

« Est-ce qu’il y a une journée en particulier ? Je ne sais pas, répond M. Cerruti. Je passais de moins en moins de temps ailleurs et de plus en plus de temps ici. On s’est réveillés en se disant : ‟On ne passe plus du tout de temps aux États-Unis, mais ici. C’est ici qu’on va le faire [le projet].” »

L’aide publique en bref

Pour la construction de l’usine (2,74 milliards d’argent public sur les 7 milliards prévus)

La part de Québec (environ 1,37 milliard)

  • Prêt : 376 millions
  • Subvention : 436 millions
  • Actions de l’entreprise : 567 millions

La part d’Ottawa (environ 1,37 milliard)

  • Prêt et actions de l’entreprise : 900 millions
  • Subvention : 400 millions

Subventions pour la production des cellules*

  • Québec : 1,5 milliard
  • Ottawa : 3,1 milliards

* L’argent est versé une fois que les cellules sont produites et livrées.