La crise mondiale du crédit est une «crise grave» qui n'est pas terminée et affectera les budgets des gouvernements, a mis en garde le président sortant du FMI, l'Espagnol Rodrigo Rato dans un entretien au Financial Times lundi.

La crise mondiale du crédit est une «crise grave» qui n'est pas terminée et affectera les budgets des gouvernements, a mis en garde le président sortant du FMI, l'Espagnol Rodrigo Rato dans un entretien au Financial Times lundi.

«Les responsables de gouvernements ne doivent pas s'imaginer que les problèmes resteront seulement sur le bureau des banquiers», dit-il. «Les problèmes vont s'étendre à l'économie réelle, aux budgets, c'est ce que nous n'arrêtons pas de dire», a-t-il ajouté dans cet entretien donné à Washington.

Selon M. Rato, il faudra «quelques mois, probablement jusqu'à l'année prochaine» pour que les disponibilités de fonds reviennent à leur niveau normal sur les marchés, ce qui «aura un impact sur la croissance».

Il a noté que la réduction de la croissance imposera aux ministres des Finances d'amender leurs budgets.

La crise financière mondiale, qui a découlé de celle du marché des prêts immobiliers à hauts risques aux Etats-Unis cet été, n'est «pas une tempête dans un verre d'eau», a insisté M. Rato, qui passera le relais au nouveau président du FMI, le Français Dominique Strauss-Kahn, à la fin du mois.

«Les États-Unis vont ralentir... La croissance en Europe semble déjà plus faible et au Japon aussi» dans une moindre mesure, a-t-il ajouté.

Les marchés émergents devraient aussi être affectés, a souligné M. Rato, estimant que l'économie de ces pays se développe rapidement mais «dans quelle mesure ils pourront garder ce rythme, cela dépendra de la durée du ralentissement aux États-Unis et en Europe».

M. Rato a également affirmé que «le dollar est actuellement sous-évalué», en fonction des paramètres de mesure utilisés par le FMI. «Il était certainement sur-évalué il y a quelques années» en fonction des mêmes paramètres, a-t-il toutefois ajouté.

«Des mouvements soudains sur les marchés des changes ne sont pas ce dont nous avons besoin», a estimé le directeur-général du FMI pour qui la parité dollar-euro dépend aussi de devises comme le yuan chinois qui sont liées au billet vert.

«Indépendamment de la valeur du dollar», il serait «dans l'intérêt de la Chine» d'adopter un régime des changes plus souple pour gérer son économie et les arguments en faveur d'une telle politique «deviennent plus forts», a-t-il dit.