Les prix du pétrole ont inscrit des records à Londres et à New York lundi, après l'annonce d'une réduction importante de la production mexicaine.

Les prix du pétrole ont inscrit des records à Londres et à New York lundi, après l'annonce d'une réduction importante de la production mexicaine.

Les prix sont aussi soutenus par la maigreur des stocks, des craintes géopolitiques et un dollar anémique.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a dépassé pour la première fois de son histoire le seuil symbolique des 90 dollars - franchi deux semaines plus tôt à New York par le «light sweet crude». Vers 6h, le baril pour livraison en décembre s'échangeait à 89,49 $ US.

À New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en décembre s'est propulsé en début d'échanges au niveau historique de 93,20 $ US. Vers 7h58, il valait 92.79 $ US.

«Les nouvelles récentes du Mexique (...) se sont ajoutées aux craintes persistantes sur l'offre», ont commenté les analystes de la maison de courtage Sucden.

Dimanche, la compagnie nationale des pétroles mexicains (Pemex) a annoncé en effet qu'elle réduisait temporairement sa production de 600 000 barils par jour.

Due au mauvais temps, la décision intervient après le grave accident survenu mardi dernier au large du golfe de Campeche  : par gros temps, une fuite de gaz avait entraîné la mort de 21 personnes.

Plus d'un demi-million de barils manqueront à l'appel alors que les marchés se soucient de la faiblesse des stocks mondiaux avant l'hiver. Aux États-Unis, les réserves de brut sont ainsi de 5,9% inférieures à leur niveau de l'an dernier.

Par ailleurs, les prix sont poussés par une montée de tensions politiques au Moyen-Orient et en Afrique.

Le marché s'inquiète des conséquences d'une possible intervention de la Turquie dans le nord de l'Irak contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Lundi, l'armée turque a encerclé une centaine de rebelles dans une zone montagneuse proche de la frontière avec l'Irak, a rapporté l'agence de presse semi-officielle Anatolie.

Les opérateurs craignent également un regain de tensions entre l'Iran et les États-Unis à propos du programme controversé d'enrichissement nucléaire iranien. Jeudi, l'administration Bush a infligé de nouvelles sanctions au régime islamique, renforçant les spéculations sur un possible conflit avec le quatrième producteur mondial de pétrole, qui entraînerait une rupture des approvisionnements.

La Maison-Blanche se défend toutefois d'avoir attisé la hausse des cours du brut, et rejette la responsabilité de l'escalade sur Téhéran.

Lundi, un haut responsable des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime iranien, a averti que les miliciens islamistes pourraient lancer des opérations suicide dans le Golfe.

Troisième foyer de tensions, le Nigeria, premier producteur de brut africain, a vu les violences monter d'un cran la semaine dernière.

Lundi, le Mend (Mouvement d'émancipation du delta du Niger), principal groupe de militants séparatistes du delta du Niger, a revendiqué l'enlèvement de six étrangers et l'attaque d'une installation pétrolière offshore de la compagnie italienne Agip (groupe ENI) ayant eu lieu mercredi dernier dans le sud du pays.

C'est la deuxième attaque d'une installation pétrolière revendiquée par le MEND en moins d'une semaine.

Dernier ingrédient du cocktail ayant fait monter les prix de plus de 13 $ US en trois semaines : la baisse continue du dollar, tombé lundi à 1,4438 $ US contre un euro, stimule la demande d'or noir. Les investisseurs hors zone dollar profitent en effet de la faiblesse du billet vert pour bourrer leurs portefeuilles de matières premières libellées en dollars.