La Federal Reserve américaine (Fed) accuse du retard sur les autres banques centrales sur le plan de l'ouverture, ce qui l'entrave au cours de périodes de perturbations sur le marché.

La Federal Reserve américaine (Fed) accuse du retard sur les autres banques centrales sur le plan de l'ouverture, ce qui l'entrave au cours de périodes de perturbations sur le marché.

Elle pourrait être incapable de combler ce retard même si la campagne du président Ben Bernanke pour améliorer les communications est couronnée de succès.

Les décideurs de la Fed, qui se réunissaient mardi à Washington pour établir les taux d'intérêt, s'apprêtent à mettre fin à plus d'une année de discussions sur la manière d'augmenter la transparence.

À ce chapitre, la Fed accuse du retard sur cinq des huit principales banques centrales équivalentes, y compris la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre, selon une étude de deux économistes européens.

Les différences étaient frappantes la semaine dernière, lorsque Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, est passé à la télé et a tenu une conférence de presse impromptue pendant que ses collègues s'adressaient aux reporters des journaux au moment où se tenait la plus importante «vente de feu» sur les marchés mondiaux des actions depuis 2003.

Pendant ce temps, M. Bernanke était invisible et parce que les grands dirigeants de la Fed doivent obéir à des consignes très strictes en matière de communications, tout écart par rapport à la tradition était susceptible de faire paniquer autant d'investisseurs qu'il en aurait rassurés.

«C'est un degré en moins de liberté», estime Chuck Lieberman, un ancien économiste de la Fed de New York qui est maintenant responsable des placements de Advisors Capital Management, à Paramus, au New Jersey.

«Le fait même de fournir une certain forme d'assurance pourrait faire peur au marché parce qu'il s'agirait là d'une initiative inhabituelle», ajoute-t-il.

Tandis que les responsables des banques centrales d'Europe, du Japon et du Royaume-Uni tiennent des conférences de presse et accordent des entrevues dont le contenu est pour diffusion, les efforts de M. Bernanke ne produiront probablement pas le même degré de transparence, selon des observateurs de la Fed.

Cette dernière n'a pas fixé d'échéance quant à l'examen de sa politique de communications.

Tout changement sera «passablement mineur», d'après Adam Posen, un ancien économiste de la Fed qui a collaboré avec M. Bernanke.

Il se peut que la Fed augmente la fréquence de ses informations contenues dans ses prévisions économiques, sans toutefois aller jusqu'à indiquer clairement quel est son objectif quant au niveau d'inflation, selon ce que prédisent divers économistes, dont M. Posen.

En 1994, la Fed, qui était alors présidée par Alan Greenspan, a commencé à annoncer ses décisions concernant les taux d'intérêt et à diffuser des communiqués pour les expliquer.

Cette initiative a été copiée par d'autres banques centrales, y compris celle d'Australie et celle de Nouvelle-Zélande.

Pour leur part, les homologues du président de la Fed ont continué à innover dans le domaine des communications et à l'heure actuelle, la banque centrale américaine est la seule parmi le Groupe des Sept à ne pas tenir de conférences de presse régulières.

Elle n'a fourni aucune indication quant à savoir si elle songeait à adopter une telle pratique.

«Au cours des cinq à sept dernières années, la Fed a évolué dans la bonne direction, mais elle a encore beaucoup de chemin à faire», avance Tom Schlesinger, qui prépare des analyses pour la Fed à titre de directeur du Financial Markets Center, à Howardsville, en Virginie.

Une ouverture comme celle affichée la semaine dernière par la BCE serait impensable à la Fed, où le président et le vice-président ont tendance à ne se rendre disponibles pour le public qu'à l'occasion d'apparitions prévues des semaines ou des mois à l'avance.