Malgré une campagne électorale imminente, les Québécois devront se contenter de baisses d'impôt mineures cette année et devront donc faire une croix définitive sur la promesse des libéraux de réduire leur fardeau fiscal de 1 milliard annuellement.
Sophie Brouillet
Malgré une campagne électorale imminente, les Québécois devront se contenter de baisses d'impôt mineures cette année et devront donc faire une croix définitive sur la promesse des libéraux de réduire leur fardeau fiscal de 1 milliard annuellement.
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Écoutez l'extrait audio Michèle Boisvert, directrice du cahier Affaires de La Presse, commente le budget Audet.
Cette fois, le budget du ministre des Finances, Michel Audet, relève les trois seuils d'imposition de quelques milliers de dollars à compter du 1er janvier prochain, ce qui lui permet d'annoncer des baisses d'impôt totales de 250M$.
Mais selon les calculs du fiscaliste Stéphane Leblanc, de la firme Ernst & Young, l'allégement se limite à 254 $ pour un Québécois qui gagne 64 000 $, soit le plus haut des trois seuils.
«C'est le montant maximum que quelqu'un peut épargner, résume-t-il. Ce n'est pas significatif.»
Préparé comme une sorte de testament préélectoral, peu fertile en nouvelles mesures, le budget s'attarde beaucoup à dresser un bilan du mandat des libéraux de Jean Charest.
Pour le gouvernement, les nouvelles baisses d'impôt portent à 3,8 G$ le total des réductions qu'il a consenties aux Québécois depuis 2003.
« Avec ces baisses, nous ne serons plus les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord, déclare le ministre Audet. Nous sommes passés au sixième rang des provinces en ce qui a trait au fardeau fiscal. C'est un progrès remarquable.»
Toutefois, le total de 3,8 G$ inclut 1,5 G$ pour la seule indexation des impôts, décidée en 2001 par la ministre Pauline Marois, sous le gouvernement péquiste.
«L'indexation, c'est simplement un ajustement sans lequel les impôts augmenteraient», souligne M. Leblanc.
Parmi les autres baisses comptabilisées depuis 2003, seule la décision d'instaurer un régime d'imposition unique des particuliers (budget 2004-2005) constitue une réduction directe, de 1,7 G$,
Les autres mesures prises en compte sont le soutien aux enfants, une prime au travail et une déduction de 1000 $ pour les travailleurs.
«Pour les baisses d'impôt, c'est zéro en cinq pour ce gouvernement libéral» dénonce le critique de l'opposition François Legault, selon qui les allégements annoncés ces dernières années ont été largement effacés par les hausses des tarifs d'électricité et de garde.
L'économiste en chef de la Banque Nationale, Clément Gignac, confirme que le mandat libéraux se termine à des lieues de leur promesse électorale de réductions d'impôt.
«On est déçu quand on y croyait, dit-il. Mais je n'y ai jamais cru, c'était impossible à moins de déclarer un déficit budgétaire.»
Selon lui, le ministre Audet, qui ne demandera pas de nouveau mandat, «ne passera pas à l'histoire pour les baisses d'impôt» mais sera reconnu comme un bon ministre en raison de sa discipline dans la gestion des dépenses, qui aura permis de rehausser la cote de crédit du Québec.
En vertu du budget de mardi, les trois taux d'imposition des Québécois (soit 16 %, 20 % et 24 %) correspondront à partir de janvier 2008 à des tranches de revenus de moins de 32 000$, de 32 000 $ à 64 000 $ et de 64 000$ et plus.