Les Canadiens et les Américains semblent avoir choisi de digérer leur dinde de Noël loin des magasins, mercredi.

Les Canadiens et les Américains semblent avoir choisi de digérer leur dinde de Noël loin des magasins, mercredi.

Visa Canada prévoyait le Boxing Day le moins enthousiaste depuis 2002 au pays, tandis que le manque d'ardeur des consommateurs a carrément ébranlé les marchés boursiers au sud de la frontière.

En ce temps des Fêtes où les menaces de récession pèsent sur les États-Unis, les observateurs étaient nombreux hier à surveiller à quel point les chasseurs d'aubaine allaient prendre d'assaut les centres d'achat. Verdict: la cohue n'a pas été assez intense au goût du marché.

À New York, 28 des 31 entreprises de ventes au détail listées sous l'indice Standard & Poor's 500 Retailing Index ont subi des pertes en Bourse. Le vendeur d'électronique Circuit City a glissé de 6,7%. Taret, le deuxième détaillant à escompte aux États-Unis, a perdu 2,50%.

Wal-Mart a reculé de 0,74%. Macy's a atteint son plus bas niveau en trois ans. Le magasin en ligne Amazon.com est l'un des seuls à n'avoir pas terminé dans le rouge, enregistrant un gain de 2,02%.

Si le constat a de quoi réjouir les adeptes de la simplicité volontaire et tous ceux qui pourfendent la société de consommation, il a inquiété plus d'un économiste.

«Nous nous dirigeons définitivement vers une récession liée à la consommation», a dit à l'agence Bloomberg Howard Davidowitz, président de Davidowitz & Associates, une firme de consultation et d'investissement destinée aux détaillants.

«Les titres des détaillants ont écopé cette année et avec raison, mais le pire est à venir», a-t-il ajouté.

Les ventes d'hier n'ont donc pas suffi à relever une saison des Fêtes qui affiche sa plus faible croissance depuis cinq ans aux États-Unis. Confrontés à des prix de l'essence et de la nourriture qui grimpent et à une crise immobilière qui empire, les consommateurs mettent la pédale douce.

Les détaillants ont réagi en coupant leurs prix, ce qui a fait bondir les ventes de 19% entre le 21 décembre et le 23 décembre. Mais c'était trop peu, trop tard. La firme ShopperTrack prédit une croissance totale des ventes de 3,6% pour la saison des Fêtes 2007, un chiffre qui tombe sous les prévisions des analystes. Mastercard estime aussi la croissance des ventes à 3,6% entre le 23 novembre et le 24 décembre, «la plus basse depuis au moins trois ans.»

Le Canada va mieux

Ce blues du centre d'achat ne semble pas avoir gagné le Canada. Un sondage réalisé pour Visa Canada montre que les Canadiens prévoyaient dépenser 1061 $ en moyenne en cadeaux des Fêtes cette année, une hausse de 14% par rapport à 2006. Il s'agit d'un record depuis que Visa a commencé à faire ce type de sondage, il y a neuf ans.

Il reste que si la période des Fêtes va bien en général, le Boxing Day semble aussi avoir perdu de sa popularité chez nous. Selon Visa, seulement 23% des consommateurs canadiens comptaient se rendre dans les magasins mercredi, une baisse de 17% par rapport à l'an dernier et le plus faible pourcentage depuis 2002.

Et non seulement va-t-on moins dans les magasins pendant le Boxing Day, mais on dépense aussi moins une fois sur place. Selon les chiffres de Visa, le consommateur canadien moyen comptait dépenser 233 $ hier, 29% de moins que l'an dernier.

Pour Tania Freedman, directrice, Communications corporatives, pour Visa Canada, il s'agit simplement d'un changement de stratégie.

«Après avoir consacré plusieurs semaines à la recherche de cadeaux, il semble que bon nombre de consommateurs canadiens souhaitent passer du temps avec leur famille et leurs amis le lendemain de Noël», a-t-elle indiqué. En fait, cette année, les Canadiens étaient presque aussi nombreux à déclarer vouloir profiter de leur Boxing Day pour se taper une bonne sieste (20% des répondants) que pour magasiner (23%).

Du côté d'Interac, c'est le 21 décembre qu'on a enregistré cette année la journée la plus occupée. 15,6 millions de cartes de débit ont glissé dans des machines en une seule journée, contre un record de 15,8 millions le 22 décembre de l'an dernier.

Les statistiques montrent que c'est d'abord à leur estomac et à ceux de leurs convives qu'ont pensé les Canadiens le 21 décembre. Plus de 18% des transactions Interac ont été effectuées dans les épiceries, contre 17,7% dans les boutiques de vêtements... probablement question de s'assurer d'avoir fière allure à côté du sapin.