Le projet de CSeries pourrait réserver une bien mauvaise surprise aux gouvernements qui l'appuient.

Le projet de CSeries pourrait réserver une bien mauvaise surprise aux gouvernements qui l'appuient.

«J'espère qu'ils réalisent que l'argent qu'ils mettent dans ce projet ne représente qu'une première étape», a lancé en conférence de presse hier le vice-président à la direction des programmes d'Airbus, Tom Williams, dans le cadre du Salon aéronautique de Farnborough.

Bombardier a lancé dimanche la CSeries, une nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places qui nécessitera des investissements de 2,6 milliards de dollars en recherche et développement. Le gouvernement fédéral a accepté d'investir 350 millions dans le projet alors que Québec s'est engagé à hauteur de 118 millions. De leur côté, les autorités britanniques ont promis 155 millions de livres (soit environ 310 millions de dollars).

Chiffres optimistes

M. Williams a affirmé que les chiffres avancés par Bombardier en fait de coûts de développement lui semblaient très optimistes. Tout comme l'échéancier présenté par l'avionneur montréalais. Bombardier entend livrer ses appareils à partir de 2013.

«Ça me semble relativement court», a-t-il déclaré.

Il s'est aussi interrogé sur l'importance du marché visé par Bombardier pour la CSeries.

«Il y aura un marché de niche, notamment pour remplacer les RJ146, mais c'est un marché qui n'est pas aussi gros qu'ils le croient, a-t-il affirmé. Ils sont courageux.»

Le directeur commercial d'Airbus, John Leahy, s'est fait plutôt narquois.

«Je n'ai jamais réussi à persuader qui que ce soit, au niveau de la haute direction, de lancer un programme sans commandes fermes», a-t-il lancé.

Bombardier a lancé sa CSeries avec une simple lettre d'intérêt de Lufthansa pour 60 appareils, dont 30 options.

M. Williams a noté qu'avec sa nouvelle famille, Bombardier allait se frotter aux plus petits appareils d'Airbus et Boeing.

«J'assume que Bombardier ne s'imagine pas qu'ils ne vont pas réagir», a déclaré M. Williams.

La CSeries entrera en concurrence avec l'A318 et l'A319. Toutefois, elle pourrait subir des impacts négatifs si Airbus remplaçait son appareil le plus populaire, l'A320, un avion à peine un peu plus gros, par un modèle plus avancé au niveau technologique.

M. Leahy a toutefois affirmé qu'il faudrait d'énormes progrès technologiques au niveau des moteurs, des systèmes et des matériaux pour justifier le remplacement de l'A320.

«Pour remplir ces conditions, ça va prendre 10 bonnes années, a-t-il déclaré. On parle donc de quelque chose comme 2020.»

Airbus testera bientôt le moteur que développe Pratt&Whitney, la turbo-soufflante à réducteur, mais la direction n'est pas encore convaincue qu'il s'agira de la percée technologique dont elle a besoin pour remplacer l'A320. C'est toutefois le moteur qu'a choisi Bombardier pour sa CSeries.

«Nous ne faisons pas comme Bombardier, qui veut lancer un avion et qui se cherche des clients pour le faire, a déclaré M. Leahy. Nous faisons le contraire, nous lançons un avion après avoir trouvé des clients.»