En matière de réseaux sociaux, les internautes pensent Facebook et Linkedin, mais ces deux-là ne sont pas seuls. Artfox, un site de réseautage montréalais pour les professionnels du secteur des arts et du divertissement, est en train de se tailler une niche à l'ombre de ces géants de l'internet.

Fondé il y a tout juste deux ans, le site Artfox est aujourd'hui utilisé par plus de 630 sociétés réparties dans 41 pays, afin de trouver les professionnels nécessaires à la mise sur pied de projets spécifiques: un film, un spectacle ou même un concours. Par exemple, le magazine National Geographic a récemment publié les détails d'un concours international de photographie sur Artfox, invitant les photographes à présenter leurs plus beaux clichés de Dame nature.

Pas sûr que la célèbre publication aurait fait de même sur Facebook... Le National Geographic n'est pas seul non plus à préférer un site qui cible un certain type de professionnels, plutôt qu'un généraliste comme Linkedin: le Cirque du Soleil, Electronic Arts et Alliance Vivafilm sont des clients réguliers d'Artfox.

«Notre site est un lieu où des travailleurs indépendants peuvent se retrouver autour de projets spécifiques, explique Raphaël Ettore, fondateur du site. Ni Facebook ni Linkedin n'offrent cette possibilité. En prime, on offre des outils pour que les utilisateurs puissent publier leurs oeuvres, ou un portfolio incluant tout type de document multimédia qui peut mettre en valeur leur talent.»

Artfox se concentre présentement sur l'industrie du divertissement plus traditionnel, comme les arts de la scène, mais il n'est pas impossible que le site élargisse ses horizons au secteur plus étendu des communications et du divertissement numérique.

Les jeux vidéo sont un bel exemple. M. Ettore en est conscient. «Sur Linkedin, un designer peut dire qu'il travaille pour un éditeur de jeux vidéo comme Ubisoft. Sur Artfox, il peut dire qu'il a contribué au développement d'Avatar, et il peut même publier des extraits du jeu illustrant son rôle dans le projet.»

De la place pour les nouveaux projets

Dans une industrie où le talent est fort recherché, le potentiel d'un site comme Artfox est grand. Suffisamment pour que des investisseurs privés s'intéressent au projet. Plus tôt ce mois-ci, le réseau Anges Québec a d'ailleurs annoncé un investissement de 375 000$ pour aider Artfox à passer à cette prochaine étape de sa croissance.

François Gilbert, président du réseau Anges Québec, pense lui aussi qu'il y a de la vie au-delà des très gros sites de réseautage, et qu'il est toujours possible d'en tirer profit. «Artfox est une entreprise en démarrage qui a un potentiel énorme à l'échelle mondiale», dit-il.

À l'ère des immenses fonds d'investissement provinciaux, le site de Raphaël Ettore témoigne du fait qu'il est encore possible de développer une nouvelle entreprise technologique sans avoir à passer par les canaux traditionnels. Artfox a pris naissance dans les locaux de Bolidea, sorte de pépinière d'idées fondée par trois hommes d'affaires montréalais, et qui se voient davantage comme des partenaires d'affaires pour jeunes entrepreneurs que comme des investisseurs à proprement parler.

«Nous ne développons pas beaucoup de projets à la fois, ce qui permet de bien suivre leur évolution, explique Martin-Luc Archambault, cofondateur de Bolidea. Artfox est notre premier succès majeur, mais nous travaillons sur six ou sept autres idées qui pourraient bientôt suivre le même chemin.»

Ce chemin est tout tracé pour Artfox: de nouveaux bureaux, et une révision du site web afin d'en améliorer le côté social, mais de façon sérieuse, promet M. Ettore. «L'idée est que si un utilisateur vient passer 30 à 45 minutes sur le site, qu'il ne gaspille pas son temps comme c'est possible sur Facebook, mais que ce soit pour faire avancer sa carrière.»

Pour joindre notre collaborateur: alain.mckenna@lapresse.ca