Il y a du remue-ménage chez Averna Technologies, l'une des boîtes technos les plus en vue du Québec et dans laquelle la Caisse de dépôt est actionnaire. En froid avec d'autres actionnaires, le cofondateur et président, Pascal Pilon, a quitté ses fonctions il y a maintenant deux mois et tente de racheter une partie de l'entreprise.

M. Pilon, qui est techniquement «suspendu avec solde» depuis novembre dernier, négocie actuellement avec Averna pour racheter sa division de logiciels, qui compte une trentaine d'employés.

«J'ai présenté une offre et, étant donné que je suis en négociations avec eux, le conseil d'administration a préféré que je me retire de mes fonctions», a expliqué M. Pilon à La Presse Affaires.

Selon lui, la division des logiciels d'Averna a une valeur de 6 millions de dollars.

Averna, qui compte notamment des bureaux aux États-Unis, au Mexique et au Japon, fabrique des systèmes capables de tester les appareils électroniques qui sortent des chaînes de montage, que ce soit des téléphones intelligents, du matériel médical ou militaire.

L'entreprise de 260 employés compte des noms comme Sony, Apple et Alcatel parmi ses clients et figurait jusqu'à tout récemment parmi les entreprises technologiques à la plus forte croissance au pays.

«Le conseil a nommé un comité spécial responsable de la négociation. Nous sommes en train d'évaluer la proposition de Pascal, et on se fait aider par des conseillers externes», dit Jean-François Grou, membre du conseil d'administration qui en assume la présidence en l'absence de M. Pilon.

À la base de cette manoeuvre se trouve un différend sur la façon de conduire les affaires d'Averna. L'entreprise a longtemps compté comme client principal Research in Motion (RIM), qui a généré en 2009 jusqu'à 60% de son chiffre d'affaires. Les difficultés du fabricant du BlackBerry ont évidemment secoué Averna.

L'entreprise, qui se targuait en 2009 d'avoir un chiffre d'affaires de 45 millions, a généré des ventes de 37 millions l'an dernier. M. Pilon soutient que l'entreprise a largement réussi à compenser l'effondrement des revenus en provenance de RIM, mais admet que la situation a amené «des choix à faire».

Le président aurait aimé développer la division de logiciels de l'entreprise, qui est déficitaire, mais qu'il juge prometteuse. Mais selon lui, sa vision n'était pas partagée à l'interne.

M. Pilon admet du même souffle que sa relation avec l'autre cofondateur de l'entreprise, Richard Maltais, est «houleuse depuis des années».

«Moi et les autres actionnaires, on ne s'entend pas sur les priorités et investissements à faire», a-t-il résumé.

L'entreprise a refusé de s'étendre sur cette mésentente.

«Les conflits entre les fondateurs... Est-ce que tous les fondateurs s'entendent toujours, sur tous les sujets? Sûrement pas, ni chez Averna ni ailleurs», a lancé le président du conseil par intérim, Jean-François Grou, affirmant que son travail est d'évaluer l'offre de M. Pilon et non n'en commenter les motivations.

Outre les fondateurs, les investisseurs dans Averna sont la Caisse de dépôt et Fondaction CSN. Les deux institutions n'ont pas voulu commenter la situation. Fondaction a investi un peu plus de 5 millions dans Averna en 2006.

La Caisse n'a pas voulu préciser son investissement, mais celui-ci se situe sous la barre des 5 millions.