L’imminence d’une hausse des taux d’intérêt s’est confirmée mercredi avec l’accélération de l’inflation en janvier, qui franchit le seuil des 5 % pour la première fois en 30 ans.

L’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,9 % au Canada en janvier, ce qui porte le taux d’inflation annuelle à 5,1 %. Au Québec, la hausse annuelle de l’IPC est restée inchangée par rapport au mois précédent, à 5,1 %.

Le logement, les aliments et l’essence ont poussé l’IPC à la hausse le mois dernier. Sans l’essence, la hausse des prix s’établit à 4,3 %, la plus forte augmentation de l’indice depuis sa création en 1999, rapporte Statistique Canada.

Avant que l’IPC franchisse le seuil des 5 %, le gouverneur de la Banque du Canada estimait que l’inflation était à un niveau « inconfortablement élevé » et que les taux d’intérêt devaient augmenter pour calmer le jeu.

La Banque du Canada a prévu un taux moyen d’inflation de 4,2 % cette année, mais plusieurs observateurs pensent qu’il pourrait être plus élevé. C’est le cas de Doug Porter, économiste en chef de la BMO, qui voit plutôt le taux moyen d’inflation à 4,7 % pour l’ensemble de 2022.

Avec le prix de l’énergie qui continue d’augmenter, l’inflation va probablement s’accélérer encore avant de diminuer, estime pour sa part Royce Mendes, économiste chez Desjardins.

Le prix de l’essence est en hausse de plus de 30 % depuis un an et les tensions croissantes entre la Russie et l’Ukraine ne laissent présager aucun répit pour le prix du pétrole.

En janvier, le prix de l’essence a augmenté de 4,8 % et les coûts associés au logement ont bondi de 6,2 %.

C’est dans l’assiette que la hausse des prix a été la plus rapide. Le coût des aliments achetés dans les épiceries a augmenté de 6,5 % en janvier. Les prix du bœuf (+ 13 %), du poulet (+ 9 %) et du poisson (+ 7,9 %) sont responsables de l’augmentation du coût du panier d’épicerie. La margarine coûte aussi 16,5 % de plus qu’il y a un an, souligne Statistique Canada.

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Le coût du panier d’épicerie a augmenté de 6,5 % en janvier.

La bière (+ 4,7 %) et le vin (+ 1,9 %) coûtent également plus cher qu’il y a un an.

En plus des chaînes d’approvisionnement, qui ne se sont pas remises de la pandémie, des facteurs climatiques ont aussi joué pour faire augmenter le coût des fruits frais (+ 8,2 %) et des produits de boulangerie (+ 7,4 %).

Les salaires n’ont pas suivi l’augmentation des prix, ce qui fait que le pouvoir d’achat des ménages a diminué. Selon Statistique Canada, les salaires moyens ont augmenté de 2,4 % alors que l’Indice des prix à la consommation est en hausse de 5,1 %.

L’inflation a dépassé la cible de la Banque du Canada pour le 10e mois de suite en janvier. Les hausses de prix se sont généralisées à la majorité des biens et services qui servent au calcul de l’IPC. « La proportion relative des composantes du panier de l’IPC avec une inflation supérieure à 3 % a fait un bond considérable pour atteindre 68,8 % en janvier, relève l’économiste de Desjardins Benoit Durocher.

Selon lui, personne ne doit douter que la Banque du Canada commencera à augmenter les taux d’intérêt le 2 mars, date prévue de sa prochaine annonce. Le taux directeur de la banque centrale est au niveau historiquement bas de 0,2 % depuis le début de la pandémie.