(Francfort) La Banque centrale européenne s’est inquiétée en février d’une inflation restant élevée au-delà de 2022, qui pourrait l’inciter à resserrer plus rapidement sa politique monétaire mais elle restait prudente au regard de la montée des tensions liées à l’Ukraine, selon le compte-rendu de sa dernière réunion publié jeudi.

L’inflation « pourrait être plus élevée que prévu au cours des prochains mois si la flambée des prix de l’énergie s’intensifiait, notamment si les tensions géopolitiques venaient à s’aggraver davantage », selon le document rapportant les échanges entre banquiers centraux de la zone euro tenus début février.

Cette réunion date d’avant l’invasion russe en Ukraine et les sanctions européennes qui ont depuis frappé Moscou. Dans la balance des risques, c’est la crainte de voir l’inflation persister qui dominait alors chez les banquiers centraux.  

Ainsi, des « doutes ont été exprimés quant à savoir si l’inflation en 2023 serait inférieure à 2 % », comme prévu jusqu’alors par la BCE.

Dans ce contexte, « le principal risque n’est plus de durcir la politique monétaire trop tôt mais trop tard », ont souligné certains participants.

«Malaise croissant »

Le procès-verbal de la réunion de février « confirme un malaise croissant face à une politique monétaire ultra-accommodante et une volonté croissante de commencer à se normaliser », note Carsten Brzeski.  

Mais la guerre déclaré depuis à l’Ukraine fait que ce document relève du « témoignage historique »,  plus qu’il ne donne d’indication sur ce que va décider l’institut lors de sa prochaine réunion le 10 mars, observe l’analyste.

En février, la montée des risques géopolitiques était déjà « perçue comme appelant à une approche très prudente de la normalisation » monétaire, selon le document.

Cette prudence des banquiers centraux risque de s’être encore accentuée compte-tenu du risque sur la croissance européenne que font peser les évènements en Ukraine, au moment où l’économie se redresse du choc de la pandémie de COVID-19.

La BCE vise un taux d’inflation de 2 % sur le moyen terme.  

Les gardiens de l’euro disposeront pour leur décision du 10 mars de nouvelles prévisions économiques tenant compte de la valeur record d’inflation à 5,8 % en zone euro pour février et des effets économiques attendus de la guerre en Ukraine, a indiqué mercredi le chef économiste Philip Lane.