(New York) La production de maïs en Ukraine va diminuer de 53 % durant la campagne en cours, estime le ministère américain de l’Agriculture (USDA), qui voit également la quantité de blé produite par le pays en guerre reculer de plus d’un tiers.

Dans le même temps, la production de blé devrait augmenter de plus de 6 % en Russie, qui conforterait ainsi sa place de premier exportateur mondial devant l’Union européenne, avec 19 % des volumes échangés contre 16,5 % l’année précédente.

« La tendance nette » de ce rapport mensuel baptisé Wasde, « c’est toujours des tensions sur le marché des céréales et notamment du blé », a réagi Gautier Le Molgat, du cabinet Agritel.

L’USDA voit ainsi les stocks mondiaux atteindre la fin de la campagne qui s’achève (l’année du blé démarre le 1er juin aux États-Unis) en baisse de 3,9 %, et les voit encore se replier de 4,5 % à l’issue de la prochaine saison.

Outre l’Ukraine, le ministère américain de l’Agriculture table sur une décélération de la production en Australie et au Maroc, qui ne sera que partiellement compensée par une très forte hausse des volumes au Canada (+52 %), qui fait suite à un millésime marqué par la sécheresse, ainsi qu’une amélioration en Russie et aux États-Unis.

Même si les prévisions actent bien une contraction mondiale, l’USDA conserve « une vision optimiste de la production sur la nouvelle récolte », selon Gautier Le Molgat.

« Ils sont », par exemple, « partis sur des chiffres hyper élevés en Inde, alors qu’on parle d’une sécheresse record en ce moment », précise-t-il. « C’est très optimiste. »

« On peut aussi émettre des doutes », dit-il, sur l’augmentation annoncée par l’USDA de la production aux États-Unis, où la dernière enquête du ministère, publiée lundi, a rapporté que 39 % des cultures de blé d’hiver étaient en « mauvais » ou « très mauvais » état, soit le double de l’an dernier.

Après la publication, le cours du blé de variété SRW (Soft Red Winter Wheat), la référence à la Bourse de Chicago, a bondi à son plus haut niveau depuis plus de deux mois.

Côté maïs, l’USDA voit aussi la production refluer légèrement (-2,8 %), de même que les stocks mondiaux de fin de période (-1,3 %), un mouvement notamment lié à la diminution annoncée, aux États-Unis, des espaces dédiés au profit du soja.

Les cours du grain jaune sont, eux aussi, montés en température jeudi, s’approchant de nouveau du sommet de presque dix ans atteint fin avril.

Parmi les trois grandes matières premières agricoles, le soja « est probablement celui dont les chiffres (publiés jeudi) sont les moins favorables » aux cours, a commenté Michael Zuzolo, président de Global Commodity Analytics and Consulting.

L’USDA prévoit ainsi une nette remontée de la production (+12 %) et des stocks de fin de période (+16 %), qui retrouveraient leur niveau de la fin de campagne 2020/21.

« La production et les stocks pourraient même être encore supérieurs », a annoncé l’analyste, « si le temps aux États-Unis et en Europe favorise les oléagineux plutôt que le maïs ».