L’inflation semblait vouloir s’apaiser aux États-Unis, mais l’indice des prix à la consommation affiche plutôt une hausse de 0,1 % en août. En variation annuelle, la hausse des prix ralentit, de 8,5 % en juillet à 8,3 % en août, ce qui est toutefois insuffisant pour calmer les inquiétudes du marché.

Pourquoi l’indice des prix à la consommation a-t-il augmenté en août ?

Après être resté inchangé en juillet, l’indice des prix à la consommation a augmenté légèrement de 0,1 % en août, a rapporté mardi le US Bureau of Labor Statistics. Les coûts du logement, des aliments et des soins médicaux sont responsables de l’augmentation mensuelle, qui a été compensée en partie par une baisse du prix du pétrole.

Sur une base annuelle, l’augmentation du taux d’inflation ralentit, de 8,5 % en juillet à 8,3 % en août. Comme au Canada, cette décélération est essentiellement due à la baisse du prix du pétrole. Le prix de l’essence, qui a dépassé les 5 $ US le gallon en juin, est actuellement revenu autour de 3,70 $ US.

Qu’est-ce que l’inflation de base ?

L’inflation avait atteint un record de 41 ans en juin, à 9,1 %. Les chiffres du mois d’août sont moins alarmants, mais l’inflation de base continue d’augmenter au sud de la frontière, ce qui est jugé préoccupant. L’inflation de base est la variation du niveau des prix sans les éléments les plus volatils comme les aliments et l’énergie. Il s’agit d’un indicateur très suivi par les autorités monétaires pour savoir si l’inflation est enracinée dans l’économie. En août, l’inflation de base a augmenté de 0,6 %, après la hausse plus modeste de 0,3 % enregistrée en juillet.

D’une année à l’autre, l’inflation de base s’est accélérée, passant de 5,9 % en juillet à 6,3 % le mois dernier. L’inflation de base est à son niveau le plus élevé depuis le sommet de mars dernier. Ça veut dire qu’à l’exception des aliments et de l’énergie, à peu près tous les biens et services coûtent plus cher. C’est le cas des voitures neuves, dont le prix est en hausse de 0,8 % en août, tandis que le prix des voitures usagées est en légère baisse de 0,1 %.

« Les pressions inflationnistes au sein de l’économie américaine restent bien présentes », résume Francis Généreux, économiste principal de Desjardins. Malgré la baisse des coûts de l’énergie, « les facteurs internes de hausse des coûts se manifestent toujours et retardent l’apaisement de l’inflation », ajoute-t-il.

Pourquoi les marchés boursiers s’inquiètent-ils ?

Les observateurs attendaient plutôt une légère baisse du niveau des prix et un ralentissement du rythme d’augmentation des taux d’intérêt. C’est l’inverse qui s’est produit, observe Derek Holt, économiste de la Banque Scotia. « Il est très improbable que la Réserve fédérale signale une pause » dans les hausses de taux, comme les marchés l’espéraient, dit-il.

Les marchés boursiers ont très mal accueilli la nouvelle, qui indique que le chemin du retour vers un taux d’inflation contrôlé sera probablement plus long et plus ardu pour la banque centrale américaine.

Le secteur de la technologie a été le plus touché, avec une chute de plus de 5 % du NASDAQ. L’indice S&P 500 a connu mardi sa pire journée depuis juin 2020, avec un recul de 4,3 %. Le Dow Jones a plongé de 4 %, tandis que la Bourse canadienne a suivi le mouvement, avec une baisse de près de deux points de pourcentage.

L’augmentation des risques de récession qui vient avec la lutte contre l’inflation a aussi influé sur le prix du pétrole. Le baril de WTI a perdu 1 % avant de se replacer en fin de journée pour clôturer à 87,57 $ US, en légère baisse par rapport à la veille. Le dollar canadien a terminé la journée à 0,7628 $ US.

Quelle sera la réaction de la Réserve fédérale ?

Alors qu’un apaisement était attendu, l’aggravation de l’inflation signifie que d’autres hausses de taux d’intérêt sont à venir. La prochaine pourrait même être d’un point de pourcentage, avançaient certains observateurs mardi.

Comme la Banque du Canada, la Réserve fédérale américaine est résolue à faire tout en son pouvoir pour mater l’inflation. Encore la semaine dernière, son président, Jerome Powell, affirmait que le temps presse pour empêcher que l’inflation devienne incontrôlable, comme dans les années 1970 et 1980. « Nous devons agir fermement comme nous l’avons fait et persévérer jusqu’à ce que le travail soit terminé », a dit publiquement le patron de la Fed.

Pour la plupart des observateurs, ces propos signifient que la prochaine augmentation du taux directeur sera importante, possiblement jusqu’à un point de pourcentage. C’est le cas des économistes de la CIBC, qui s’attendaient à une augmentation de 75 points de base, mais qui estiment maintenant qu’une hausse de 100 points de base ne doit pas être écartée, étant donné la vigueur de l’inflation, a commenté l’économiste Katherine Judge.

La Réserve fédérale a déjà augmenté son taux directeur quatre fois cette année, dont les deux dernières de 75 points de base. Le taux directeur se situe actuellement entre 2,25 % et 2,50 %.

La prochaine décision de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt est attendue la semaine prochaine. Au pays, Statistique Canada dévoilera les chiffres de l’inflation du mois d’août mardi prochain.