Malgré le ralentissement de l’économie, le marché du travail fait encore preuve d’une vigueur remarquable au Canada. Alors que les économistes s’attendaient à un ajout d’à peine 10 000 emplois en octobre, il y en a eu 108 000 de plus, selon Statistique Canada.

En octobre, le taux de chômage est resté inchangé au pays, à 5,2 %, et il a baissé de 0,3 % au Québec pour s’établir à 4,1 %, le taux le plus bas parmi les provinces canadiennes.

L’augmentation de l’emploi s’observe surtout dans le secteur privé, où le nombre total d’employés a augmenté pour la première fois depuis le mois de mars dernier. C’est en Ontario et au Québec que la création d’emploi a été la plus forte.

Le Québec comptait en octobre 28 000 emplois de plus que le mois précédent, surtout des emplois à temps plein. Plusieurs secteurs ont embauché, comme la construction, la finance et les assurances, et même les services immobiliers, qui sont touchés par les hausses des taux d’intérêt.

La région de Montréal accapare la plus grande partie des nouveaux emplois, avec 23 000 emplois de plus et un taux de chômage en baisse à 4,2 %.

La hausse de l’emploi en octobre annule les baisses observées depuis le mois de mai, observe Statistique Canada. Elle pourrait rendre le combat de la Banque du Canada contre l’inflation plus ardu et plus long, selon plusieurs observateurs.

« Dans un contexte où la Banque du Canada tente de refroidir l’économie pour faire baisser l’inflation, le rapport d’emploi d’octobre fait sourciller », commentent les économistes Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, de la Banque Nationale.

« Il ne fait aucun doute que le rapport de [vendredi] matin renforcera l’opinion de la banque centrale sur la nécessité de relever davantage les taux », estiment-ils.

Le portrait d’octobre du marché du travail « ne suggère pas le début d’une récession au dernier trimestre de 2022 », selon la Banque Nationale.

« Il est difficile de trouver des signes de fléchissement du marché du travail canadien dans les données d’octobre », affirme de son côté l’économiste Marc Desormeaux, de Desjardins. Il souligne que « la création d’emplois est généralisée dans toutes les régions et dans tous les secteurs d’activité et elle est concentrée dans le travail à temps plein ».

Des salaires en hausse

Signe que le marché de l’emploi reste tendu, les salaires continuent d’augmenter, indique Statistique Canada. En octobre, le salaire horaire moyen était de 31,94 $, en hausse de 5,6 % par rapport à un an plus tôt.

Les salaires moyens sont en hausse de plus de 5 % depuis cinq mois consécutifs, mais ils n’ont pas rattrapé l’inflation, qui s’élevait à 6,9 % en septembre.

Il ne faut donc pas s’étonner qu’un plus grand nombre de Canadiens trouvent difficile de subvenir à leurs besoins de base. Cette proportion est maintenant de 35 %, comparativement à 20 % il y a deux ans, en octobre 2020.

Manque de main-d’œuvre en restauration

Le nombre d’emplois dans le secteur de l’hébergement et de la restauration est en hausse de 18 000 en octobre. Il s’agit de la première hausse dans ce secteur depuis le mois de mai. Ce secteur est celui qui affiche le taux de postes vacants le plus élevé.

Selon la plus récente enquête de Statistique Canada, il y avait 958 500 postes vacants en août, dont 136 100 dans le secteur de l’hébergement et de la restauration et 119 000 dans le secteur du commerce de détail.

C’est au Québec et en Colombie-Britannique que les taux de postes vacants, tous secteurs confondus, sont les plus élevés au Canada.

Le travail hybride s’installe

En octobre, presque deux millions de Canadiens, soit 1 travailleur sur 10, travaillaient en mode hybride, c’est-à-dire à domicile et à un endroit autre. C’est une augmentation de 0,4 % en un mois et de 5,4 % depuis le début de l’année.

Preuve que le mode de travail hybride se généralise, le nombre de travailleurs qui travaillent exclusivement à domicile est en baisse de 8,5 % depuis le début de l’année.

Le travail hybride est en croissance dans la plupart des secteurs d’activité depuis le début de l’année, à l’exception de ceux où c’est impossible, comme l’hébergement et la restauration.

Un record pour les immigrants

Les immigrants, qui comptent pour près du quart de la population du Canada, selon les données du dernier recensement, continuent de se faire une place sur le marché du travail. En octobre, le taux d’emploi des immigrants de 15 ans et plus était de 62,2 %, le plus haut niveau depuis 2006, quand ces données ont commencé à être publiées.

Le taux d’emploi est le rapport entre le nombre de personnes au travail et la population totale du groupe.

Le taux d’emploi des immigrants admis au cours des cinq dernières années est de 70,7 %, en hausse de 5,6 % par rapport à octobre 2019, avant la pandémie.