(Ottawa) Le solide rebond de l’économie canadienne au début de l’année semble avoir été de courte durée, car de nouvelles données suggèrent que la croissance suit déjà une trajectoire descendante.

L’économie a progressé de 0,1 % en février, a indiqué vendredi Statistique Canada, dont les estimations préliminaires suggèrent une contraction de l’économie pour le mois de mars. Ces mêmes données laissent entrevoir une croissance économique de 2,5 %, sur une base annualisée, pour l’ensemble du premier trimestre.

L’économiste en chef adjoint de la Banque Royale, Nathan Janzen, a souligné que la croissance trimestrielle, par rapport à la dernière décennie, montrait un « rythme de croissance respectable » — mais une nuance doit être apportée.

« Si vous regardez les détails mensuels, vous voyez simplement que toute cette augmentation est venue de janvier », a noté M. Janzen.

Après qu’un ralentissement des stocks des entreprises a ramené la croissance à zéro au quatrième trimestre, l’économie canadienne a rebondi avec une croissance de 0,6 % en janvier.

Pendant ce temps, le chiffre de février s’est révélé inférieur aux attentes de Statistique Canada, car le commerce de gros et de détail, ainsi que la fabrication, se sont tous contractés.

La croissance du PIB réel en février a été stimulée par le secteur public, les services professionnels, scientifiques et techniques, la construction et la finance et les assurances.

On s’attend depuis longtemps à un ralentissement économique, car les taux d’intérêt ont augmenté. Et alors que certains économistes avaient prévu que ce ralentissement se manifesterait plus tôt, les signes de faiblesse se font maintenant plus apparents.

« Après avoir fait un sprint au début de 2023, l’économie canadienne s’était déjà heurtée à un mur en mars », a écrit l’économiste Andrew Grantham, de la Banque CIBC, dans une note à ses clients.

L’estimation préliminaire de l’agence fédérale pour mars suggère une contraction économique de 0,1 %. La baisse attendue du PIB réel est due à la baisse continue du commerce de gros et de détail, en plus des industries de l’extraction minière et d’exploitation en carrière.

Mais M. Grantham a estimé que les nouvelles données ne devraient pas changer grand-chose pour les perspectives de la Banque du Canada, qui maintient son taux d’intérêt directeur stable à 4,5 %, son niveau le plus élevé depuis 2007.

« Jusqu’à ce qu’il y ait des signes plus clairs que le ralentissement de la croissance contribue également à atténuer l’inflation de base, la Banque du Canada continuera de pencher vers une hausse des taux d’intérêt, même si une hausse n’est finalement pas nécessaire, et les baisses de taux n’interviendront qu’en 2024 », a prédit M. Grantham.

Lors de sa plus récente décision de politique monétaire, le 12 avril, M. Macklem a évoqué la spéculation entourant une éventuelle baisse de taux vers la fin de l’année. Il a estimé que cela ne semblait pas être « le scénario le plus probable ».

La banque centrale maintient son taux d’intérêt directeur, mais elle craint que l’inflation ne se révèle persistante, ce qui rendrait le retour à la cible de 2,0 % potentiellement plus difficile.

L’inflation a considérablement ralenti depuis l’été dernier, l’inflation annuelle s’étant établie à 4,3 % en mars. La Banque du Canada s’attend à ce que cette inflation diminue encore à 3,0 % d’ici le milieu de l’année, mais qu’elle ralentisse lentement baisse lentement jusqu’à 2,0 % d’ici la fin de 2024.

Dans cet esprit, le résumé des délibérations de la Banque du Canada, publié plus tôt cette semaine, a révélé que son conseil de direction avait envisagé d’augmenter les taux plus tôt dans le mois.

Et bien que le ralentissement de la croissance ne suffise pas encore à apaiser les inquiétudes de la Banque du Canada, M. Janzen a estimé que « cela [réduisait] la probabilité qu’elle doive encore augmenter les taux ».

Alors que l’économie continue de ralentir, le marché du travail devrait en ressentir les effets. Jusqu’à présent, il est resté étonnamment résilient dans un contexte de taux d’intérêt élevés, avec un taux de chômage de 5 % en mars.

M. Janzen a affirmé qu’il faudrait peut-être attendre encore deux à trois mois pour qu’un ralentissement ait un impact sur les niveaux d’emploi.

Le chômage devrait finir par augmenter cette année, car les entreprises confrontées à un ralentissement des ventes ajusteront leurs plans d’embauche.