(Washington) Des chefs d’entreprise de toute l’Amérique du Nord sont réunis dans la capitale américaine pour discuter de la maximisation des avantages concurrentiels du continent.

L’avenir de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) est un sujet particulièrement brûlant lors de ce Sommet nord-américain des affaires, à Washington.

La PDG de la Chambre de commerce des États-Unis, Suzanne Clark, a déclaré qu’il était vital pour l’économie nord-américaine que cet accord de libre-échange survive à son nouvel examen, prévu en 2026.

Vital, selon elle, parce que, comme la démocratie, le libre-échange est attaqué dans le monde entier, et que l’ACEUM est actuellement son porte-étendard.

Mme Clark affirme que l’ACEUM est également une arme essentielle contre les politiques économiques protectionnistes qui sont de plus en plus courantes dans le monde, y compris aux États-Unis et au Mexique.

« Si, ensemble, nous ne définissons pas le leadership mondial ― si nous ne sommes pas les meneurs sur la question des enjeux mondiaux et ne développons pas des opportunités pour le futur ― d’autres comme la Chine et la Russie le feront à notre place », a-t-elle soutenu.

En vertu de l’ACEUM, la Commission du libre-échange doit se réunir au plus tard six ans après l’entrée en vigueur de l’accord (en 2020), pour procéder à un « examen conjoint » de son fonctionnement et s’assurer que tous en sont encore satisfaits.

Il reste encore trois ans avant cette échéance, mais il est maintenant temps pour la communauté des affaires de faire en sorte que l’ACEUM survive, a-t-elle déclaré.

Blanca Treviño, présidente et chef de la direction de la société de solutions numériques SoftTek, basée au Mexique, s’attend à ce que l’accord soit renouvelé, mais que chaque partenaire mène âprement ses luttes lors des négociations.

Mme Clark reconnaît que des « irritants » continuent de remettre en question à quel point chacun des trois pays est engagé pleinement envers la lettre et l’esprit de la lettre de l’accord.

Durant les 33 mois depuis que l’ACEUM est entré en vigueur, en juillet 2020, 17 litiges ont été soumis, par rapport aux 77 soulevés pendant les 25 années qu’a duré l’ALENA, sur prédécesseur.

Les États-Unis sont mécontents de la manière dont le Canada a défini les quotas qui donnent aux producteurs laitiers américains accès aux marchés canadiens. Autant le Canada que le Mexique s’opposent à la façon dont les États-Unis définissent ce qui constitue des matériaux automobiles étrangers, et au fait que les États-Unis favorisent les distributeurs d’énergie internes.

« Nous devons régler ces différends non seulement pour prouver que l’ACEUM fonctionne, non seulement pour exploiter le plein potentiel de l’accord, mais aussi, ce qui est encore plus important, pour prouver que nous pouvons le faire, que nous sommes engagés à rendre cette entente robuste », a soutenu Mme Clark.

Elle n’a pas mentionné le nom de Donald Trump, mais l’ancien président et principal instigateur des efforts pour renégocier l’ALENA a de fortes chances de remporter les primaires républicaines de 2024.

Quelle que soit la menace qui guette l’ACEUM, que ce soit des États-Unis peu coopératifs ou un processus d’arbitration politiquement sensible, il est vital que « l’argument économique soit indisputable, que personne ne puisse affirmer que cet accord ne maximise pas la compétitivité de l’Amérique du Nord ».

Mme Clark a fait valoir que l’entente soutient la capacité des trois pays signataires à collaborer au sujet de priorités comme la nourriture, la sécurité énergétique, des chaînes d’approvisionnement résilientes, la transparence, la stabilité et l’application régulière de la loi. « Quand ces facteurs ne sont pas présents, les investissements ne peuvent pas fructifier, l’économie ne peut pas croître, des emplois ne peuvent pas être créés et nous ne pouvons pas savourer la prospérité, a-t-elle ajouté. Quand ils sont absents, la corruption se développe, l’ambiguïté règne, les investissements fuient et les revenus fiscaux chutent. »

Les dirigeants d’entreprises de tout le continent sont toutefois confrontés à un défi supplémentaire : la perception populaire croissante qu’ils ne travaillent qu’à emplir leurs propres poches et celles de leurs actionnaires.

« Je pense qu’il est important de changer cette rhétorique selon laquelle “affaires” est un mauvais mot, et où gagner de l’argent et faire croître sa compagnie est une mauvaise action », a déclaré Gerald Schwebel, vice-président directeur de l’International Bank of Commerce dont le siège social est au Texas. « Les affaires sont bonnes. Le commerce est bon. Partageons ce message encore et encore. »