(Ottawa) Les ventes des détaillants canadiens ont été plus fortes que prévu en avril, les consommateurs ayant fait preuve de résilience dans un environnement économique difficile, mais cet élan devrait ralentir, ont prévenu des analystes.

Les ventes au détail ont augmenté de 1,1 % pour atteindre 65,9 milliards en avril, a indiqué mercredi Statistique Canada, qui avait initialement estimé une croissance de 0,2 % pour ce mois.

Cette croissance a été alimentée par les gains des détaillants de marchandises diverses et des magasins d’alimentation, a souligné l’agence fédérale.

Statistique Canada a dit s’attendre maintenant à une croissance de 0,5 % des ventes des détaillants pour le mois de mai, tout en avertissant que cette donnée préliminaire sera révisée avant sa publication officielle, dans un mois.

L’économiste Shelly Kaushik, de la Banque de Montréal, a indiqué que les chiffres montraient que les consommateurs canadiens avaient continué à dépenser, mais que « les prix plus élevés [avaient] été à l’origine de la majeure partie de l’augmentation, puisque les volumes des dépenses ont augmenté à un rythme beaucoup plus lent ».

Exprimées en volume, les ventes au détail ont augmenté de 0,3 % en avril.

« La dynamique des dépenses de consommation devrait ralentir au second semestre, car des taux d’intérêt encore plus élevés et une inflation toujours forte continuent de peser sur le pouvoir d’achat », a écrit Mme Kaushik dans un rapport.

La Banque du Canada a relevé son taux directeur d’un quart de point de pourcentage plus tôt ce mois-ci, pour le porter à 4,75 %, une décision qui a incité les grandes banques du pays à relever leurs taux préférentiels.

La banque centrale a fait part de ses inquiétudes quant au fait que l’inflation semble être plus persistante que prévu et que la ramener à son objectif de 2,0 % sera plus difficile.

L’analyste du commerce de détail Bruce Winder a indiqué qu’il s’attendait à une diminution ou à une augmentation minime des chiffres des ventes au détail d’avril.

« Nous nous attendions tous à un changement simplement parce qu’il y a tellement de vents contraires », a-t-il observé.

« Il y a les taux d’intérêt. L’inflation, en particulier dans l’alimentation, est toujours élevée. Il y a des pertes d’emplois dans le secteur de la technologie, il y a beaucoup de choses qui vont à l’encontre du consommateur. »

Il a également noté que les consommateurs étaient à « un niveau record d’endettement des ménages », en particulier après une période de dépenses élevées dans la foulée de la pandémie.

« Je pensais qu’ils prendraient une pause. Mais c’est quelque chose que nous constatons comme une résilience un peu surprenante dans les dépenses de consommation », a poursuivi M. Winder.

« Est-ce parce que le crédit est si facilement disponible ? Est-ce parce que les consommateurs ont encore une partie de ces dépenses [postpandémiques] qu’ils veulent effectuer ? »

M. Winder a estimé qu’il était possible que l’augmentation soit également liée à des facteurs tels que la croissance démographique, ainsi qu’au retour de plus en plus fréquent au bureau des Canadiens, ce qui les incite à dépenser davantage pour des marchandises.

Selon Statistique Canada, les ventes des détaillants de marchandises diverses ont augmenté de 3,3 % en avril, tandis que celles des détaillants d’alimentation ont enregistré une hausse de 1,5 %.

Les ventes des concessionnaires de véhicules et de pièces automobiles ont augmenté de 0,5 % en avril, grâce à une hausse de 3,7 % chez les concessionnaires d’automobiles d’occasions et à une augmentation de 3,5 % chez les détaillants de pièces, de pneus et d’accessoires pour véhicules automobiles.

Les ventes des détaillants de meubles, d’accessoires de maison et d’appareils électroniques et ménagers ont diminué de 1,6 %.

Les ventes au détail de base – qui excluent les stations-service et marchands de combustibles et les concessionnaires de véhicules et de pièces automobiles – ont augmenté de 1,5 % en avril, a indiqué Statistique Canada.