(Ottawa) Les consommateurs canadiens ont commencé à montrer des signes de fatigue en mai, Statistique Canada ayant indiqué vendredi que les ventes au détail pour ce mois avaient moins avancé que son estimation initiale ne l’avait prévu, tandis que ses chiffres préliminaires pour juin annoncent peu de changement.

Selon l’agence fédérale, les ventes au détail ont augmenté de 0,2 % pour atteindre 66,0 milliards en mai, aidées par les gains des concessionnaires de véhicules automobiles neufs et des épiceries. Son estimation initiale pour mai avait cependant évoqué une croissance de 0,5 % pour ce mois.

Exprimées en volume, les ventes au détail ont augmenté de 0,1 % en mai.

Statistique Canada a également indiqué que son estimation préliminaire pour le mois de juin suggérait que les ventes au détail étaient inchangées, mais elle a prévenu que ce chiffre serait révisé d’ici sa publication officielle, dans un mois.

« Juillet et au-delà »

Chez Desjardins, on pose ouvertement la question : ce ralentissement n’est-il qu’un début ? « Les ventes au détail s’essoufflent clairement. Les achats sont inférieurs aux prévisions consensuelles. Trois des quatre derniers mois se sont soldés par une croissance timide, voire une baisse, avec de nouveaux signes de faiblesse en juin. La nouvelle hausse de 25 points de base des taux d’intérêt directeurs annoncée plus tôt ce mois-ci devrait affecter les consommateurs en juillet et au-delà », écrit Marc Desormeaux, économiste principal chez Desjardins.

L’institution financière indique que les données de mai et les révisions à la baisse des chiffres d’avril ont eu pour effet de « réduire graduellement » sa prévision de la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel pour le deuxième trimestre 2023, mais elle reste dans la fourchette de 1,5 à 2,0 % (variation trimestrielle, annualisée).

L’économiste Maria Solovieva, de la Banque TD, a aussi observé que le mois de mai avait entraîné une décélération importante de la croissance des dépenses de détail, après avoir enregistré une augmentation révisée à 1,0 % pour avril. Une augmentation de 1,1 % avait initialement été rapportée pour le mois d’avril.

« Le seul secteur qui montre un gain décisif est celui des ventes d’automobiles, où les ventes nominales et unitaires ont augmenté », a écrit Mme Solovieva dans un rapport.

« Le reste des catégories est mitigé et semble indiquer que les consommateurs privilégient les dépenses d’épicerie au détriment des achats discrétionnaires. »

Mme Solovieva a rappelé que la Banque du Canada s’attendait à ce que la consommation des ménages ralentisse au cours de la prochaine année, alors que ses hausses de taux d’intérêt se propagent dans l’économie.

Avec la lecture d’aujourd’hui, nous avons une preuve que ce ralentissement se matérialise. Pourtant, les consommateurs disposent de ressources financières sous la forme d’épargne excédentaire, de sorte que le chemin vers la modération pourrait ne pas être simple.

Maria Solovieva, économiste à la Banque TD

Les ventes des concessionnaires de véhicules automobiles et de pièces ont augmenté de 0,8 % en mai, grâce à une hausse de 0,7 % des ventes chez les concessionnaires d’automobiles neuves et à une augmentation de 5,5 % dans la catégorie des autres concessionnaires de véhicules automobiles.

Ventes au détail

Pendant ce temps, les ventes des détaillants d’alimentation ont augmenté de 1,0 %, tandis que celles des supermarchés et autres épiceries ont grimpé de 1,4 %.

Les ventes des détaillants de vêtements, d’accessoires vestimentaires, de chaussures, bijouteries, bagages et de maroquinerie ont diminué de 0,8 % en mai, tandis que celles des marchands de matériaux de construction et de matériel et fournitures de jardinage ont chuté de 1,5 %.

Les ventes au détail de base – qui excluent les stations-service et les marchands de carburant, ainsi que les concessionnaires de véhicules automobiles et de pièces – sont restées inchangées en mai.

Un rapport publié jeudi par la Chambre de commerce du Canada a suggéré que les consommateurs canadiens avaient continué à dépenser au deuxième trimestre, tout en notant que les dépenses s’étaient inversées après que la Banque du Canada a repris ses hausses de taux d’intérêt au début de juin.

L’économiste en chef de la Chambre, Stephen Tapp, a indiqué s’attendre à ce que les dépenses de consommation ralentissent de façon appréciable au second semestre, alors que les gens réduiront leurs achats discrétionnaires.

Lisez Les dépenses des consommateurs devraient diminuer d’ici la fin de l’année