À quelques jours de la rentrée scolaire, les consommateurs, plus prudents et à l’affût des aubaines, sont tout de même enclins à dépenser au moins autant que l’an dernier lorsque vient le temps d’acheter vêtements, chaussures et autres sacs à dos pour leurs enfants, constatent plusieurs détaillants québécois.

« Les gens ont un budget. Ils magasinent. Ils ne veulent pas être perdants », note Jessika Roussy, copropriétaire de Mode Choc, qui compte 10 magasins de vêtements à travers le Québec.

Selon un sondage publié au début du mois d’août par le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), un peu plus de la moitié des Canadiens (52,8 %) avaient l’intention d’allouer le même montant à leur budget destiné à la rentrée scolaire que l’an dernier. Or, « le pourcentage de consommateurs prêts à dépenser davantage (31,8 %) a diminué de 4,4 % par rapport à 2022 (36,2 %). De même, la proportion de gens prévoyant dépenser moins a augmenté de 1,7 % en 2023 », révèle l’enquête réalisée par Caddle au mois de juillet.

Ainsi, dans les boutiques de Mme Roussy, les affaires vont bien, assure-t-elle. Les ventes sont plus élevées qu’en 2022, mais le nombre d’articles par transaction, lui, n’a pas augmenté, souligne celle qui s’attend à une fin de semaine occupée.

Au rayon des chaussures, Manon Gauthier, responsable de l’approvisionnement pour les boutiques Tony Pappas et Laura-Jo, note une faible diminution des ventes durant la période du 1er au 22 août, par rapport à l’an dernier.

La baisse est de 5 % pour le magasin de Montréal (Tony Pappas) et de 4 % pour celui de Laval (Laura-Jo). « Ce sont de faibles baisses qui peuvent être rattrapées, tient à souligner Mme Gauthier. Mais ce qui est alarmant, c’est qu’on est déjà [dans les derniers jours avant la rentrée] et que le gros des ventes s’arrête le 30 août. »

Recherche d’aubaines

Par ailleurs, lorsqu’ils mettent les pieds dans un commerce, les clients sont à la recherche des présentoirs où sont disposés les articles en rabais, notent également les détaillants.

« La majorité des gens qui vont rentrer dans le magasin vont s’en aller directement au présentoir de soldes pour voir s’ils ne pourraient pas trouver ce qu’ils cherchent, mentionne Mme Gauthier qui ajoute dans la foulée que, auparavant, ils y accordaient à peine quelques minutes. S’ils ne trouvent pas dans les soldes, ils vont acheter à prix régulier. »

« Dans la dernière année, on a reçu beaucoup de stocks. On a du surplus de marchandise. Ça nous a permis de faire un peu plus de rabais », ajoute pour sa part Jean-Philippe Clément, administrateur des boutiques Clément.

Et c’est sûr que les gens sont plus alléchés par les rabais avec la situation économique actuelle.

Jean-Philippe Clément, administrateur des boutiques Clément

M. Clément raconte également que les consommateurs qui viennent faire leur magasinage de la rentrée font de « bons choix ». Ils vont par exemple mettre davantage la main dans leur poche pour un sac d’école de meilleure qualité et éviter ainsi de le remplacer l’année suivante.

Il ajoute par ailleurs que les articles à prix courant trouvent également preneur. « On est dans un bon domaine, dit-il. On a des vêtements pour enfants, mais on est aussi dans la puériculture. Les gens continuent à avoir des enfants, donc il va tout le temps y avoir un besoin.

« Je ne vous dirais peut-être pas la même chose si j’avais une boutique de vêtements pour hommes ou de vêtements de plein air. »

Il semble que les parents ne veulent pas faire de concessions pour leurs enfants, mais ils vont peut-être se priver pour leurs achats à eux. Les semaines et les mois à venir nous le diront.

Manon Gauthier, responsable de l’approvisionnement pour les boutiques Tony Pappas et Laura-Jo

Un peu moins prévoyants cette année ?

Le sondage du CCCD laisse également entendre que les consommateurs – interrogés en juillet – avaient l’intention de magasiner vêtements et fournitures scolaires un peu plus à la dernière minute que lors de la rentrée précédente. « En 2023, 29,5 % des répondants – le groupe le plus important – prévoient effectuer leurs achats de 2 à 4 semaines avant le début des classes, alors qu’ils étaient 42,9 % dans cette situation en 2022, rapporte le sondage effectué en juillet. Cela est peut-être attribuable à certaines craintes liées aux ruptures de stock ou à des problèmes d’approvisionnement, qui ont été si importants l’an dernier, mais qui ne constituent plus un réel danger cette année. »

Au Québec, sur le terrain, les avis sont mitigés. « Le magasinage de dernière minute, c’est une tendance qui est réelle depuis les dernières années, estime Jessika Roussy. Maintenant, le mois de septembre est souvent chaud. La période des soldes dure plus longtemps et on laisse les articles d’été plus longtemps sur le plancher. Les parents ne sont pas nécessairement pressés d’acheter des vêtements tout de suite. »

Selon Manon Gauthier, les adeptes des achats de dernière minute ont toujours existé. « Tu as les hyper prévoyants qui ont acheté les souliers avant de partir en vacances au mois de juillet. Et à l’autre extrême, ceux qui viennent le matin de la rentrée avec les enfants en uniforme », illustre-t-elle.

« Ils s’y prennent peut-être un peu plus à la dernière minute, réfléchit M. Clément, mais l’école n’est pas encore commencée, donc je ne vois pas ça comme du magasinage de dernière minute. »