La Banque du Canada a enregistré une perte de 1,5 milliard au deuxième trimestre, ce qui porte son déficit d’opération à 3 milliards depuis le début de 2023.

Il s’agit de pertes exceptionnelles dans l’histoire de la banque centrale, qui a toujours été rentable. Elles s’expliquent par les achats massifs de titres de dettes du gouvernement fédéral réalisés pour contrer l’impact de la pandémie et par la hausse rapide des taux d’intérêt qui a suivi.

La Banque du Canada doit maintenant verser des intérêts plus élevés sur les réserves déposées par les banques commerciales, supérieurs aux intérêts qu’elle reçoit sur ses placements, ce qui creuse un trou entre ses dépenses et ses revenus.

« Avec le temps, la banque reviendra à un résultat net positif », affirment les autorités monétaires dans les résultats publiés vendredi dernier. La Banque du Canada souligne que la perte ne nuit pas à sa capacité de remplir son mandat.

La situation de la Banque du Canada n’est pas unique. La plupart des banques centrales qui sont intervenues en force pour soutenir l’économie pendant la pandémie se retrouvent aujourd’hui en déficit en raison de l’augmentation des taux d’intérêt.

La Réserve fédérale américaine, entre autres, est aussi dans le rouge. Entre septembre 2022 et mai 2023, la Fed a accumulé des pertes de 44 milliards US pour les mêmes raisons d’appariement entre les intérêts reçus et versés.

Jusqu’à 8,8 milliards

La Banque du Canada affiche des pertes depuis le troisième trimestre de 2022. À la fin de l’année dernière, son déficit totalisait 705 millions.

Le retour à la rentabilité dépendra de l’évolution des taux d’intérêt au cours des prochaines années. Selon une étude de l’Institut C. D. Howe, la banque centrale canadienne pourrait perdre jusqu’à 8,8 milliards au cours des deux ou trois prochaines années⁠1.

Une banque centrale ne peut pas faire faillite, mais cette situation exceptionnelle pose des défis de communications pour les autorités monétaires, estime l’économiste Trevor Tombe, un des coauteurs de l’étude du C.D. Howe.

Historiquement, le monopole de la banque du Canada sur l’émission de la monnaie a toujours généré des profits. Depuis sa création en 1935, la banque centrale a remis 160 milliards au gouvernement canadien, estime le C.D. Howe.

En même temps qu’elle augmentait les taux d’intérêt, la Banque du Canada a commencé à normaliser son bilan, en réduisant son portefeuille de titres. Depuis le début de l’année, la baisse est de 13 %, à 357 milliards.

1. Lisez l’étude (en anglais)