Le produit intérieur brut (PIB) a diminué de 0,2 % au deuxième trimestre, un recul surprenant qui indique que l’économie canadienne commence à plier les genoux à cause de l’inflation et des taux d’intérêt élevés.

La baisse du PIB est beaucoup plus importante que celle que prévoyait la Banque du Canada, à 1,5 %, et la plupart des économistes, qui misaient sur une croissance autour de 1 %. Statistique Canada a aussi révisé à la baisse la croissance de l’économie canadienne du premier trimestre, de 3,1 % à 2,6 %.

Ce bulletin de santé de l’économie arrive à quelques jours de la prochaine décision de la Banque du Canada sur le taux directeur, qui aura lieu mercredi. Les chiffres devraient inciter les autorités monétaires à garder le taux à son niveau actuel de 5 %.

Le recul du PIB au deuxième trimestre s’ajoute à la faiblesse des autres indicateurs publiés récemment, comme la baisse des ventes au détail et l’augmentation du taux de chômage.

Pour l’économiste de Desjardins Randall Bartlett, le plan de match de la Banque du Canada est maintenant clair. « Les données d’aujourd’hui renforcent notre opinion selon laquelle la Banque du Canada en a fini avec les hausses pour ce cycle et sa prochaine mesure devrait être une baisse, possiblement dès le premier trimestre de 2024 », avance-t-il.

C’est aussi l’avis de beaucoup de ses collègues. « Les hausses de taux sont terminées, analyse Doug Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal. Maintenant, la Banque du Canada doit seulement être patiente et attendre que l’inflation baisse, mais ça pourrait prendre un certain temps, surtout avec le prix du pétrole qui remonte. »

Selon Statistique Canada, le ralentissement de l’économie au deuxième trimestre s’explique par les diminutions continues des investissements en logement, l’accumulation moindre des stocks ainsi que le ralentissement des exportations internationales et des dépenses des ménages.

La hausse des dépenses des ménages, à 0,1 %, est en net ralentissement par rapport au trimestre précédent, où l’augmentation avait été de 1,2 %. « Même si les dépenses globales des ménages ont légèrement augmenté au cours du deuxième trimestre, les dépenses des ménages par habitant ont diminué de 0,7 % », précise Statistique Canada.

Les dépenses des ménages par habitant ont diminué au cours de trois des quatre derniers trimestres. Les ménages canadiens ont notamment acheté moins de voitures neuves et moins de meubles au deuxième trimestre.

Les entreprises commencent aussi à souffrir. Au deuxième trimestre, les revenus des sociétés non financières ont affiché un quatrième recul trimestriel consécutif, indique Statistique Canada.

Vers une récession

Selon les estimations préliminaires de Statistique Canada, le troisième trimestre qui a commencé en juillet s’annonce aussi mal, avec un PIB qui n’aurait ni avancé ni reculé au cours du mois. « Nous continuons à nous attendre à une léthargie économique au cours des 12 prochains mois », indiquent les économistes de la Banque Nationale Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme dans leur analyse des plus récentes statistiques.

D’autres économistes pensent qu’une récession ne pourra pas être évitée. Ceux de Desjardins prévoient une autre contraction de l’économie au troisième trimestre, ce qui correspond à la définition d’une récession, soit au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

« L’économie canadienne est au bord d’une légère récession », croit aussi l’économiste en chef de la Banque Laurentienne, Sébastien Lavoie.

La bonne nouvelle, c’est que le ralentissement économique devrait aider la Banque du Canada dans sa lutte contre l’inflation. Malgré les progrès enregistrés sur ce front, l’Indice des prix à la consommation a augmenté en juillet, à 3,3 %, et les mesures de l’inflation de base surveillées par les autorités monétaires restent élevées.