Les principales économies mondiales se sont toutes relevées de la pandémie, mais elles ont contracté un autre virus, celui de l’inflation, qui menace de les renvoyer au tapis.

Maintenant que les chiffres officiels des deux premiers trimestres de l’année ont été publiés, on peut constater que les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises sur le front économique.

Dans les pays du G7, la croissance économique au deuxième trimestre est de 4 % supérieure à son niveau du dernier trimestre de 2019, avant la pandémie. La récupération du terrain perdu s’est faite plus ou moins rapidement selon les pays et, dans certains cas, elle n’est pas encore complète.

C’est notamment la situation de la Grande-Bretagne, qui a été frappée simultanément par la pandémie et le Brexit. Au milieu de 2023, le PIB de la Grande-Bretagne restait légèrement inférieur à ce qu’il était à la fin de 2019, selon les statistiques officielles les plus récentes (dont une révision a toutefois été annoncée).

L’Allemagne a tout juste rattrapé le terrain perdu depuis 2019. La principale économie d’Europe a souffert plus que ses voisins de la guerre en Ukraine et de sa dépendance au gaz russe. Le pays est en récession depuis la fin de 2022 et devrait finir l’année 2023 dans le négatif.

L’Europe dans son ensemble s’en tire mieux. L’Espagne, par exemple, a été l’économie européenne la plus affectée par la pandémie avec un recul de 11,3 % du PIB en 2020. Le pays affiche aujourd’hui un taux de croissance supérieur de 0,4 % à son niveau de la fin de 2019.

Le rétablissement est inégal et ne s’est pas fait à la même vitesse d’un pays à l’autre. Aux États-Unis, le rebond a été très fort et très rapide. Dès le deuxième trimestre de 2021, le PIB américain avait retrouvé son niveau d’avant la pandémie, souligne l’économiste de Desjardins Francis Généreux.

La différence s’explique par la durée des confinements, plus ou moins sévères selon les pays, et par les plans de relance des gouvernements, qui ont été plus ou moins généreux. En proportion de son PIB, le Canada a été le plus généreux des pays du G7.

Des séquelles

L’économie mondiale vient donc de clore un épisode pandémique qui s’est étalé sur trois ans et qui nous réserve encore des surprises.

Au Japon, où la croissance économique anémique est la norme et où la population diminue année après année, le deuxième trimestre s’est terminé avec un PIB en hausse de 6 %. Cette performance extraordinaire, qui s’explique par une hausse des exportations de voitures et par une augmentation du nombre de touristes, est inattendue dans le contexte actuel.

La Chine s’était relevée très vite de la pandémie avant d’être terrassée une deuxième fois par le virus au point de devoir pratiquement fermer son économie. Le pays est actuellement aux prises avec de graves problèmes qui n’ont plus rien à voir avec la COVID-19, mais qui sont tout aussi graves.

Le secteur immobilier s’écroule, les exportations sont en baisse et le taux de chômage augmente en flèche. Contrairement à ce qui se passe ailleurs, la déflation, soit une baisse généralisée des prix, menace d’anéantir la croissance économique de la deuxième économie mondiale cette année.

À peu près partout ailleurs, ce sont l’inflation et la hausse des taux d’intérêt qui risquent de faire basculer les économies en récession. Au Canada, où le PIB est entré en territoire négatif au deuxième trimestre de 2023, la récession est peut-être déjà commencée.

Après la pandémie, c’est donc un autre virus qui s’attaque aux pays industrialisés. Il n’a pas encore eu l’impact terrible annoncé, ce qui pourrait donner le temps aux économies de s’ajuster et de limiter les dégâts.

C’est un scénario optimiste qui commence à s’imposer. En tout cas, le Fonds monétaire international vient de relever les prévisions de croissance pour l’économie mondiale en 2023 faites en avril dernier. Pour les pays industrialisés, le taux de croissance anticipé est passé de 1,2 % à 1,5 %.

Le malade est faible, mais il survit.