Sans surprise, la Banque du Canada laisse son taux directeur inchangé à 5 %, mais elle garde le doigt sur la détente pour l’augmenter de nouveau si nécessaire.

Après deux hausses consécutives en juin et en juillet, la décision de la banque centrale de faire une pause reconnaît que l’économie n’est plus en surchauffe, même si l’inflation, à 3,3 %, est toujours au-dessus de sa cible de 2 %.

« Étant donné les signes récents montrant que la demande excédentaire diminue dans l’économie, et comme les effets de la politique monétaire se font sentir avec un décalage, le Conseil de direction a décidé de maintenir le taux directeur à 5 % et de continuer à normaliser le bilan de la Banque », dit son communiqué.

Ce n’est pas la fin des hausses de taux, prévient la banque centrale. « Le Conseil reste préoccupé par la persistance des pressions inflationnistes sous-jacentes et est prêt à augmenter de nouveau le taux directeur si nécessaire », précise-t-elle.

Patience

Même si elle se dit prête à augmenter encore les taux d’intérêt, la Banque du Canada arrêtera probablement au taux actuel de 5 %, estime Doug Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal. « À moins d’un rebond de l’économie au troisième trimestre, ce qui nous semble improbable, la Banque du Canada en a fini avec les hausses de taux », soutient-il.

Ce qui ne veut pas dire qu’il y a des baisses de taux à l’horizon, estime Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne. Le ton du communiqué de la banque centrale empêche d’entretenir de faux espoirs sur une baisse importante des taux d’intérêt en 2024.

La Banque du Canada veut continuer « d’évaluer la dynamique de l’inflation fondamentale et les perspectives de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) ». L’évolution de la demande excédentaire, les attentes d’inflation, la croissance des salaires et les pratiques de fixation des prix des entreprises seront scrutées pour voir si elles sont compatibles avec l’atteinte de la cible d’inflation de 2 %.

« Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre, alors que la Banque du Canada évalue l’incidence de ses récentes hausses sur l’économie du pays », a commenté Randall Bartlett, économiste de Desjardins, qui s’attend à une première baisse des taux d’intérêt au premier trimestre de 2024.

La banque centrale s’attend à une remontée de l’IPC en raison de la hausse récente des prix de l’essence. Les mesures de l’inflation fondamentale sur un an et sur trois mois, qui excluent le prix de l’essence, avoisinent maintenant 3,5 %, ce qui indique qu’il n’y a presque pas eu de mouvement à la baisse de l’inflation sous-jacente récemment, constatent les autorités monétaires.

« Les perspectives d’inflation à très court terme ne sont pas très rassurantes et la banque [centrale] restera sans aucun doute sur la défensive », estiment les économistes de la Banque Nationale Taylor Schleich et Warren Lovely, dans leur analyse de la dernière décision sur les taux d’intérêt.

Les données sur l’IPC du mois d’août seront publiées le 19 septembre et Statistique Canada publiera vendredi le portrait du marché du travail du mois d’août. Ces nouvelles données alimenteront la réflexion de la banque centrale, dont la prochaine décision sur les taux sera annoncée le 25 octobre.

La plupart des économistes s’attendaient à ce que le taux directeur reste inchangé, après la publication d’une série de statistiques indiquant que l’économie canadienne ralentit sérieusement. Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut a reculé de 0,2 %, alors que la Banque du Canada avait prévu une croissance de 1,5 %.

Les ventes au détail, la création d’emplois et le commerce international montrent également des signes de faiblesse.