(Ottawa) « On ne peut plus blâmer la COVID pour l’inflation », a affirmé le chef conservateur, Pierre Poilievre, mardi. La hausse des prix en août lui donne à nouveau des munitions pour s’attaquer aux déficits du gouvernement Trudeau. Les libéraux demandent quant à eux aux Canadiens de faire preuve de patience, le temps que les nouvelles mesures annoncées fassent effet.

« La Justinflation frappe les Canadiens encore », a-t-il lancé en mêlée de presse, quelques heures après les nouvelles données de Statistique Canada sur l’Indice des prix à la consommation.

Le taux d’inflation a monté à nouveau en août et se situe désormais à 4 %, alimenté par la hausse du prix du logement et de celui de l’essence. Celui du panier d’épicerie a ralenti, mais demeure élevé avec une croissance de 6,9 %.

« Ce qui est le plus terrifiant, c’est que l’inflation que Trudeau a fait gonfler va mettre plus de pression sur la Banque du Canada pour augmenter encore davantage le taux directeur à un moment où les Canadiens sont les plus endettés de tout le G7 », a-t-il ajouté sans répéter sa menace de congédier le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.

Il l’a plutôt cité, cette fois. « Comme le dit le gouverneur de la Banque du Canada, ce sont des facteurs [intérieurs] qui causent l’inflation », a-t-il dit.

Le dernier budget fédéral prévoit un déficit de 40 milliards cette année qui diminuerait graduellement pour s’établir à 14 milliards dans cinq ans.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, n’a pas voulu dire si le gouvernement, qui a accumulé les déficits depuis 2015, a sa part de responsabilité dans le phénomène de l’inflation. Elle a insisté notamment sur le fait que la cote de crédit AAA du Canada avait été renouvelée récemment.

Je sais que les taux d’intérêt élevés pèsent particulièrement lourd sur les épaules des Canadiennes et des Canadiens. C’est pourquoi notre gouvernement fait tout ce qu’il peut pour que le Canada puisse finir de traverser cette période difficile.

Chrystia Freeland, ministre des Finances

Elle a cité en exemple le programme national de garderies et la rencontre tenue la veille avec les dirigeants des grandes chaînes d’épiceries.

Or, l’intention du gouvernement est de stabiliser le prix du panier d’épicerie, pas de le faire diminuer. « Vous voulez que les prix soient alignés avec l’inflation générale », a précisé le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. Il s’attend à ce que les patrons des grandes chaînes mettent leurs plans en œuvre dès qu’ils lui auront été soumis, d’ici l’Action de grâces.

Des commentaires « ridicules », selon le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, qui plaide pour une plus grande intervention dans l’économie. « Nous ne devrions pas stabiliser les prix, nous devrions les baisser, a-t-il soutenu. Sinon, quel était le but de cette rencontre ? »

Il a déposé un projet de loi la veille pour s’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles, comme la fixation de prix, augmenter les peines et éliminer les fusions entre grandes entreprises si elles devaient mener à « une part de marché combinée excessive ».

La ministre Chrystia Freeland déposera aussi un projet de loi cette semaine pour réformer la Loi sur la concurrence, tout comme Pierre Poilievre, qui veut éliminer la bureaucratie pour la construction de logements.

Le porte-parole du Bloc québécois en matière de finances, Gabriel Ste-Marie, estime que le gouvernement devrait également proposer d’autres mesures ciblées. « Là, ça devient chirurgical presque, mais il peut contribuer à augmenter l’offre », a-t-il expliqué en entrevue. Par exemple, en offrant un aménagement fiscal aux jeunes retraités pour les inciter à retourner sur le marché du travail et de l’aide aux producteurs maraîchers qui ont connu de lourdes pertes durant l’été.

Il lui suggère aussi de « soutenir les gens à plus faible revenu » pour les aider à passer à travers cette période financière difficile.

La ministre Freeland a rappelé mardi que l’Allocation canadienne pour enfant que les familles doivent recevoir mercredi est indexée. Elles pourront recevoir jusqu’à 7437 $ cette année, soit 440 $ de plus par rapport à l’an dernier.