(Paris) La forte inflation et les hausses de taux d’intérêt des banques centrales vont continuer à peser sur l’économie mondiale, avertit l’OCDE dans ses dernières prévisions publiées mardi qui relèvent la perspective de croissance mondiale cette année, mais abaissent celle pour 2024.

« Un facteur clé façonnant la croissance mondiale est la hausse des taux d’intérêt dans la plupart des grands pays depuis le début de 2022 », écrit l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son rapport intitulé « Faire face à l’inflation et à la faible croissance ».  

Les banques centrales à travers la planète sont engagées depuis plus de dix-huit mois dans de fortes hausses de taux d’intérêt afin de juguler une inflation ravivée par la pandémie et la guerre en Ukraine.

Le taux d’intérêt de référence de la Banque centrale européenne (BCE) est par exemple aujourd’hui au plus haut depuis 1999 après une nouvelle hausse la semaine dernière.

« Nous constatons tous que la hausse des taux fait son chemin dans nos économies. Elle est nécessaire pour réduire l’inflation, mais douloureuse », a concédé la cheffe économiste de l’OCDE Clare Lombardelli au cours d’une conférence de presse mardi à Paris.

Ces hausses de taux pèsent sur l’activité économique en restreignant le crédit, dont le coût est plus élevé, accordé aux ménages et aux entreprises.  

« L’effet de la politique monétaire restrictive devient de plus en plus visible », constate l’OCDE, qui a ainsi revu en baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2024 à 2,7 % (-0,2 point).

« Confiance en baisse »

« La confiance des entreprises et des consommateurs est orientée à la baisse », ajoute l’institution internationale basée à Paris.  

Un léger mieux est toutefois attendu cette année à l’échelle internationale puisque la croissance devrait s’afficher à 3 %, soit une hausse de 0,3 point par rapport aux précédentes prévisions de juin de l’institution, mais toujours sous les 3,3 % enregistrés en 2022.

Plusieurs pays sont venus dynamiser ce chiffre, au rang desquels les États-Unis qui pourraient boucler l’année avec une croissance de 2,2 %, en progression de 0,6 point par rapport aux anticipations de juin de l’OCDE, à la faveur d’un bon deuxième trimestre.

Le printemps a aussi été bénéfique pour les principaux pays émergents : la croissance brésilienne est attendue à 3,2 % (+1,5 point) cette année, l’Inde à 6,3 % (+0,3 point), la Russie à 0,8 % (+2,3 points), et l’Afrique du Sud à 0,6 % (+0,3 point).  

Parmi les pays des « Brics », un bloc de pays émergents, seule la Chine voit ses perspectives revues en baisse, à 5,1 % soit un recul de 0,3 point.

En zone euro, « où la demande est déjà modérée » affirme l’OCDE, la croissance est attendue à 0,6 % cette année, soit un recul de 0,3 point par rapport au chiffre de juin, plombée par l’Allemagne qui pourrait tomber en récession, et l’Italie dont la prévision est amputée de 0,4 point, à 0,8 %.  

La France afficherait de son côté 1 % de croissance cette année (+0,2 point) et 1,2 % l’an prochain (-0,1 point), et l’Espagne 2,3 % (+0,2 point) et 1,9 % en 2024, un chiffre stable.  

Dans son ensemble, la zone euro devrait remonter la pente en 2024 avec 1,1 % de croissance du PIB, « à mesure que s’estompe l’impact négatif d’une inflation élevée sur les revenus », entrevoit l’OCDE.

Loin d’appeler à une accalmie sur le front des taux d’intérêt, l’organisation internationale écrit dans son rapport trimestriel que « la politique monétaire doit demeurer restrictive jusqu’à ce qu’il y ait des signaux clairs » d’une diminution des pressions inflationnistes.

L’accalmie pourrait être à l’horizon l’année prochaine : l’OCDE anticipe 4,8 % d’inflation au sein des pays du G20 l’an prochain, 3 % en zone euro, et 2,6 % aux États-Unis, après respectivement 6 %, 5,5 % et 3,8 % attendus cette année.