(Riyad) La guerre qui fait rage depuis bientôt trois semaines entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza affecte déjà les économies des pays voisins, a affirmé mercredi la cheffe du Fonds monétaire international (FMI).  

« Regardez les pays voisins : l’Égypte, le Liban, la Jordanie, où les impacts sont déjà visibles », a déclaré Kristalina Georgieva devant un forum d’investisseurs à Riyad.

L’armée israélienne mène depuis le 7 octobre des frappes sur la bande de Gaza, en représailles aux attaques sanglantes de commandos du Hamas sur le territoire israélien, les plus meurtrières depuis la création d’Israël en 1948.

Selon Israël, plus de 1400 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans ces attaques et quelque 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont été recensés.

Dans la bande de Gaza, plus de 5791 personnes ont été tuées, dont 2360 enfants, depuis le début de la guerre, selon le Hamas, mouvement islamiste qui contrôle ce territoire palestinien depuis 2007.

La déclaration de Mme Georgieva intervient au lendemain d’un avertissement lancé, à l’ouverture du forum de Riyad, par de hauts responsables financiers sur un possible coup dur provoqué par cette guerre sur l’économie mondiale dans son ensemble.

« Ce que nous voyons, c’est davantage de nervosité dans un monde déjà anxieux », a déclaré la cheffe du FMI. « Il y a des pays qui dépendent du tourisme et l’incertitude est néfaste pour les flux touristiques », a-t-elle ajouté.

Décrivant les risques spécifiques pour la région, elle a relevé les menaces sur l’investissement, les assurances et la capacité des pays à accueillir plus de réfugiés.

La conférence Future Investment Initiative (FFI), appelée « Davos du désert », est généralement l’occasion pour l’Arabie saoudite de mettre en avant les réformes économiques dont le succès dépend, selon les responsables saoudiens, de la stabilité régionale.

Nuire au processus de normalisation

Cette année, Riyad a renoué avec l’Iran et la Syrie et tente de parvenir à un cessez-le-feu durable au Yémen tout en discutant d’une possible normalisation avec Israël. Mais le royaume a suspendu ces discussions après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

« Avant le 7 octobre, il y a eu beaucoup de désescalade, ce qui a apporté beaucoup d’espoir à la région, et nous ne voulons pas que les récents évènements fassent dérailler tout cela », a déclaré le ministre saoudien des Finances Mohammed al-Jadaan.

Son homologue du Bahreïn, qui a normalisé ses liens avec Israël en signant les accords dits d’Abraham de 2020, a prôné plus de coopération régionale. Ceux « qui cherchent à détruire » ne devraient pas « participer à l’écriture de l’avenir », a souligné cheikh Salmane ben Khalifa Al-Khalifa.

Jared Kushner, conseiller à la Maison-Blanche durant la présidence de Donald Trump et architecte des accords d’Abraham, a estimé que l’attaque du Hamas visait à perturber la normalisation.

Les discussions entre l’Arabie saoudite et Israël « progressaient incroyablement bien et je pense que cela a représenté une grande menace pour les forces du mal », a-t-il dit.

L’Arabie peut résister aux chocs

De nombreux intervenants ont souligné la solidité de l’économie de l’Arabie saoudite, le premier exportateur mondial de pétrole qui est capable, selon eux, de résister aux chocs et à financer des réformes grâce à son Fonds public d’investissement richement doté.

Le pays est embarqué dans un vaste programme de réforme, appelé Vision 2030 et inspiré par le prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, et qui vise à réduire la dépendance de l’économie du pétrole.

« En Arabie saoudite même, tout ira de l’avant et les entreprises des pays occidentaux, de l’Inde et de la Chine ne renonceront pas au marché saoudien », a déclaré Naser al-Tamimi, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut italien d’études politiques internationales.

« Il s’agit de la plus grande économie et du plus grand marché de construction du Moyen-Orient », a-t-il souligné.

Plus de 6000 personnes participent au forum de Riyad parmi lesquelles des financiers, dirigeants d’entreprises et les présidents de la Corée du Sud, du Kenya et du Rwanda, selon les organisateurs.