(Ottawa) Bien qu’elle soit consciente que la politique fiscale et la politique monétaire doivent être alignées, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, n’a pas signalé qu’il y aurait une réduction des dépenses dans sa prochaine mise à jour économique, comme le souhaiterait le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.

« Nous sommes très conscients et très attentifs à cela », a-t-elle indiqué mardi en faisant allusion à la cohérence qu’il doit y avoir entre la politique fiscale du gouvernement et la politique monétaire de la Banque du Canada.

M. Macklem avait lancé un avertissement la veille sur la croissance des dépenses du gouvernement fédéral et des provinces qui risque d’alimenter l’inflation et, par conséquent, de compliquer les efforts de la banque centrale pour la ramener à 2 %. Elle a déjà augmenté le taux directeur à 10 reprises au cours des 18 derniers mois.

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« Il a parlé de la nécessité que la politique budgétaire de tous les niveaux de gouvernement ne fasse pas obstacle à la politique monétaire. J’en suis également consciente », a ajouté celle qui est aussi vice-première ministre.

Elle a ensuite répété que le Canada présente le déficit le plus faible du G7, le ratio dette-PIB le plus bas, et qu’il est aussi le pays du G7 qui a réussi à consolider ses finances le plus rapidement après la hausse des dépenses fulgurante durant la pandémie de COVID-19.

Des économies et des dépenses

« En ce qui a trait à la politique fiscale, nous sommes très soucieux de garantir que nos dépenses soient concentrées sur les principales priorités de notre gouvernement », a précisé la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, soulignant au passage que la grande priorité est le coût de la vie.

Elle a demandé à tous les ministères en août de faire des économies de 15 milliards sur cinq ans et de 4 milliards annuellement par la suite. Le résultat de cet examen des dépenses fera partie du budget supplémentaire des dépenses qui doit être déposé à la Chambre des communes en novembre.

La mise à jour économique de Mme Freeland est attendue en novembre. Elle et d’autres ministres fédéraux ont déjà signifié l’intention du gouvernement Trudeau d’augmenter les dépenses pour s’attaquer à la crise du logement et à la hausse du coût de la vie.

Le gouvernement devra également délier les cordons de la bourse pour mettre sur pied le programme d’assurance médicaments réclamé par le Nouveau Parti démocratique. Il s’agit de l’une des conditions de l’entente entre les néo-démocrates et les libéraux pour permettre à ces derniers de gouverner comme s’ils étaient majoritaires.

Le directeur parlementaire du budget estime que la mise sur pied d’un programme public et universel à l’échelle du pays dès janvier coûterait 11,2 milliards la première année et 13,5 milliards cinq ans plus tard.

Des économies de 1,4 milliard seraient générées la première année parce que le gouvernement serait en mesure de négocier un prix de gros. Elles grimperaient à 2,2 milliards en 2027-2028.

Les néo-démocrates menacent de retirer leur soutien au gouvernement libéral minoritaire s’ils n’obtiennent pas un programme entièrement public et universel, mais le ministre de la Santé, Mark Holland, a déjà averti que le futur programme devrait tenir compte des finances du gouvernement.

Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance, La Presse