(Vancouver) La sous-gouverneure principale de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, a prévenu jeudi que les taux d’intérêt pourraient ne pas revenir aux bas niveaux auxquels les gens étaient habitués avant la pandémie de COVID-19.

« On pourrait être tentés de croire que les bas taux auxquels on s’est habitués vont finir par revenir un jour. Mais il y a des raisons de penser que ce ne sera peut-être pas le cas », a affirmé Mme Rogers dans un discours prononcé jeudi.

Dans le texte préparé de son allocution, la vice-gouverneure a indiqué que les changements structurels de l’économie mondiale, comme le passage de l’épargne aux dépenses des baby-boomers qui arrivent à la retraite, pourraient conduire à une hausse des taux d’intérêt.

Des niveaux plus élevés de dette publique et des risques géopolitiques tels que la guerre entre Israël et le Hamas pourraient également faire grimper les taux, a-t-elle précisé.

Il y a évidemment beaucoup d’incertitude dans tout ça. Mais il n’est pas difficile d’imaginer un monde où les taux d’intérêt restent durablement plus élevés que ce à quoi les gens se sont habitués.

Carolyn Rogers, sous-gouverneure principale de la Banque du Canada

La Banque du Canada a augmenté ses taux d’intérêt avec dynamisme au cours de la dernière année et demie, faisant passer son objectif de taux directeur de 0,25 % à 5,0 % – son niveau le plus élevé depuis 2001.

Ces hausses visaient à faire ralentir l’inflation après une hausse rapide des prix dans la foulée de la pandémie.

Cependant, des économistes estiment que les taux pourraient ne pas revenir à leurs faibles niveaux d’avant la pandémie, alors que l’économie mondiale subit des changements structurels.

Les Canadiens ont déjà un avant-goût de la vie avec des taux d’intérêt plus élevés, alors que de plus en plus de personnes renouvellent leur prêt hypothécaire à des taux plus élevés et font face à des coûts d’emprunt plus élevés.

Mme Rogers a souligné que le monde s’adaptait déjà à la réalité de taux d’intérêt plus élevés, laissant peu de « marge de manœuvre » au système financier mondial s’il devait faire face à un choc.

Selon elle, l’adaptation à des taux plus élevés à long terme représenterait un grand changement pour tout le monde, des gouvernements aux entreprises, en passant par les ménages.

« Une adaptation précoce et progressive réduit le risque de devoir prendre plus tard des mesures brusques, voire déstabilisantes », a fait valoir Mme Rogers.

La première sous-gouverneure a noté que les données montraient que les Canadiens s’adaptent actuellement aux taux d’intérêt plus élevés en réduisant à la fois leurs dépenses et leur demande de crédit.

Les entreprises ressentent également la pression de la hausse des taux d’intérêt, à mesure que la demande pour leurs biens et services ralentit et que les coûts du service de la dette augmentent.

Mme Rogers a prévenu que d’autres ajustements seraient à venir à mesure que les précédentes hausses de taux se répercuteraient sur l’économie.

« Les effets des hausses de taux d’intérêt sont toujours en train de se propager dans l’économie. On va devoir surveiller de près tant les indicateurs de tensions sur le crédit que les données des enquêtes pour voir comment les entreprises et les ménages s’adaptent », a-t-elle affirmé.