La récente transaction conclue entre deux géants miniers, Teck Resources et Glencore, est l’occasion de paraphraser de nouveau une phrase célèbre : l’annonce de la mort du charbon est grandement exagérée.

Glencore a payé 6,9 milliards US pour acquérir une participation de 77 % dans la division du charbon de la canadienne Teck, connue sous le nom d’Elk Valley Resources. Avec les participations des actionnaires minoritaires, la transaction valorise l’entreprise à 9 milliards US.

Près de 10 milliards US pour un minerai en déclin dont le monde veut se débarrasser au plus vite ? Oui, et ce n’est pas cher payé, selon plusieurs analystes.

En fait, la demande totale de charbon dans le monde est toujours en augmentation, malgré tous les engagements et tous les efforts entrepris par les gouvernements pour s’en débarrasser.

La consommation de charbon dans le monde continue d’augmenter et atteint actuellement un niveau record. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation totale a augmenté de 3,3 % en 2022, son niveau le plus élevé depuis 2013.

La hausse de la demande vient des pays en développement, où la consommation de charbon augmente année après année.

Dans les pays les plus riches, qui ont réussi à réduire leur consommation de charbon au cours des dernières années, ce progrès a été stoppé en 2022. L’Union européenne a augmenté sa consommation de charbon de 2 % l’an dernier, en raison de l’arrêt des livraisons de gaz russe après l’invasion de l’Ukraine.

C’est dire que le charbon est encore indispensable à la croissance économique mondiale. Tous usages confondus, le charbon reste la deuxième source d’énergie la plus consommée dans le monde, après le pétrole.

Il sert à produire de l’électricité et à chauffer dans plusieurs pays du monde, y compris au Canada, où il y a pourtant d’autres options. Le charbon sert aussi à alimenter l’industrie lourde comme les aciéries et les cimenteries. Le tiers de l’électricité mondiale est produite avec du charbon et 70 % de toute la production d’acier dans le monde nécessite du charbon.

Le charbon est toujours largement utilisé dans le monde parce qu’on en trouve en abondance partout, que son pouvoir énergétique est important et qu’il ne coûte pas cher.

Si le monde veut tant s’en débarrasser, c’est parce que le charbon est la plus polluante des énergies fossiles. Selon le département de l’Énergie des États-Unis, brûler du charbon émet 100 kg de CO2 par million de BTU produits, contre 73 pour le pétrole et 53 pour le gaz naturel. (Le BTU, pour British Thermal Unit, est une unité de mesure de l’énergie qui équivaut à 0,298 watt.)

La lourde empreinte environnementale du charbon est derrière la décision des dirigeants de Teck Resources de vendre leur division de charbon pour se concentrer sur leur production de cuivre et de zinc, des métaux qui sont au cœur de la transition énergétique parce qu’ils entrent dans la construction des véhicules électriques. Ça passe bien auprès de leurs actionnaires.

Les mines canadiennes ont un meilleur bilan environnemental que celles de leurs concurrents ailleurs dans le monde. Le charbon sidérurgique qui en sort se vend à bon prix sur le marché. Glencore est une entreprise critiquée, mais ses dirigeants savent compter. Ils font le pari que transition énergétique ou pas, le charbon restera indispensable pendant encore des décennies. Ou du moins assez longtemps pour rentabiliser leur investissement.