(Montréal) Les entreprises et les consommateurs canadiens pourraient bientôt ressentir les répercussions des attaques contre les navires sillonnant dans la mer Rouge.

Des transporteurs maritimes internationaux évitent cet important corridor commercial après que les militants houthis au Yémen ont intensifié leurs attaques contre des navires commerciaux pour protester contre la campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza.

Le géant du transport maritime Maersk a annoncé vendredi qu’il éviterait le canal de Suez et la mer Rouge, en passant par le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud « dans un avenir prévisible ».

Le changement d’itinéraire ajoute 10 jours et des centaines de milliers de dollars en coûts supplémentaires de carburant et de main-d’œuvre, ce qui entraîne des augmentations potentielles des prix des produits de gros et de détail.

D’autres compagnies maritimes, notamment MSC, le plus important transporteur maritime de conteneurs au monde, ont décidé d’éviter le détroit de Bab el-Mandeb, dans la mer Rouge, point focal de dizaines de tentatives de frappes de missiles et de drones contre des cargos.

Yan Cimon, professeur de commerce à l’Université Laval, affirme que l’Europe ressentira les effets les plus directs, mais que les biens de consommation et certaines pièces manufacturières destinés au Canada transitent également par le canal, qui accueille environ le tiers du trafic mondial de conteneurs.

« De toute évidence, nous faisons d’importants échanges commerciaux avec l’Europe et nous importons également certaines matières premières d’Asie qui pourraient transiter par le canal de Suez », souligne M. Cimon.

« Les expéditeurs eux-mêmes subiront également une forte pression sur leur capacité de transport, car les navires en service sur des routes plus longues ne peuvent pas être utilisés sur d’autres routes », ajoute le professeur.

Les données de Drewry, une société de recherche sur l’industrie maritime, montrent que les tarifs mondiaux de transport de conteneurs ont bondi de 61 %, seulement au cours de la semaine dernière. On observe également des hausses sur les routes entre l’Asie et l’Amérique du Nord.

Depuis le 30 novembre, les tarifs mondiaux ont bondi de 93 %, passant de 1382 $ US par conteneur de 40 pieds à 2670 $ US.

De plus, une grave sécheresse au Panama a amplifié l’effet de la crise sur la mer Rouge. De nombreux services de transport maritime entre l’Asie et la côte est de l’Amérique du Nord ont récemment opté pour le canal de Suez, au lieu d’emprunter la route habituelle à travers l’océan Pacifique et le canal de Panama.

« Le Canada, si l’on veut, a une certaine chance d’être géographiquement lié à la chaîne d’approvisionnement nord-américaine et de celle d’autres régions. Pourtant, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas à risque », prévient M. Cimon.