Avec la nouvelle année viennent les résolutions de se remettre en forme. C’est aussi le cas des principales banques centrales du monde, qui veulent retrouver leur taille d’avant la pandémie.

Parmi elles, la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque du Canada ont entrepris un régime minceur depuis quelques mois déjà. Maintenant que les hausses de taux d’intérêt semblent terminées, les banquiers centraux continuent de réduire la taille de leur bilan qui avait pris du volume pendant la pandémie.

Quand la COVID-19 a paralysé le monde, les banques centrales ont injecté beaucoup d’argent pour financer les dépenses des gouvernements désireux d’atténuer l’impact de la crise sur l’économie. En achetant massivement les titres de dette des gouvernements, elles leur ont permis d’aider la population avec des programmes d’urgence et ont ainsi soutenu une économie qui menaçait de s’effondrer.

Elles ont fait ce qu’on appelle de l’assouplissement quantitatif, un outil dont les banques centrales peuvent se servir quand elles ne peuvent plus réduire les taux d’intérêt parce qu’ils sont déjà très bas, comme c’était le cas au début de la pandémie.

L’assouplissement quantitatif a eu pour effet de gonfler le passif des banques centrales. La Banque du Canada, qui n’avait jamais employé cet outil auparavant, a détenu jusqu’à 440 milliards en obligations fédérales avant de commencer sa cure d’amaigrissement.

À la fin de 2023, la Banque du Canada avait réduit de moitié son portefeuille d’obligations, en ne réinvestissant pas dans les titres arrivés à échéance.

Les principales banques centrales du monde sont toutes en voie de réduire leur passif pour le ramener à sa taille d’avant la pandémie.

Attention, gros chiffres !

Le resserrement quantitatif, qui est le processus inverse de l’assouplissement quantitatif, devrait se poursuivre pendant toute l’année 2024 et une partie de 2025, estime l’économiste de Desjardins Hendrix Vachon1. Le sous-gouverneur de la Banque du Canada, Toni Gravelle, a indiqué lors d’un discours à Montréal en novembre que le resserrement quantitatif pourrait se poursuivre jusqu’au milieu de 2025 et que l’objectif était de ramener la taille du bilan de 200 milliards actuellement à entre 20 et 60 milliards, soit 1 ou 2 % du produit intérieur brut du Canada.

Ensemble, les banques centrales des États-Unis, du Canada, de l’Angleterre et du Japon et la Banque centrale européenne détenaient des actifs de 27 000 milliards US à la fin de 2022. À la fin de 2023, ce total avait été réduit de 5000 milliards US.

Le resserrement quantitatif, en réduisant les liquidités disponibles sur les marchés financiers, a le même effet que les hausses de taux d’intérêt. Même si les banques centrales ont à peu près toutes indiqué que les hausses de taux sont terminées, les conditions monétaires continuent de se resserrer et de freiner l’économie.

Il reste beaucoup à faire avant que les banques centrales retrouvent leur taille d’avant la pandémie. Leur embonpoint explique actuellement les pertes qu’elles encaissent pour une rare fois de leur existence. La hausse rapide des taux, de presque zéro à 5 %, a fait en sorte qu’elles doivent payer des intérêts sur les dépôts des banques à des taux supérieurs aux intérêts sur les obligations fédérales acquises lorsque les taux étaient au plancher. À mesure que leur bilan retrouvera sa taille d’avant la pandémie, les pertes des banques centrales vont diminuer.

On le sait, il est plus facile d’engraisser que de maigrir. Le plan de match des banques centrales pourrait dérailler. Une récession sévère ou une crise bancaire comme celle qui a secoué les États-Unis au printemps dernier pourrait forcer les banques centrales à sauter de nouveau dans l’arène.

Lisez l’étude de Desjardins