Un nombre croissant d’entreprises estiment qu’il faudra au moins quatre ans avant que l’inflation revienne à la cible de 2 %, indique la dernière enquête trimestrielle de la Banque du Canada.

Ces attentes d’inflation élevée compliqueront la tâche de la Banque du Canada, qui estime que la cible d’inflation pourrait être atteinte beaucoup plus tôt et qui envisage de commencer à réduire son taux directeur.

Les consommateurs sont aussi sceptiques quant au retour de l’inflation à la cible de 2 %, selon l’enquête séparée publiée en même temps par la Banque du Canada. Ils estiment que les loyers et les dépenses publiques élevés vont soutenir une forte inflation.

Le taux d’inflation du mois de décembre sera publié mardi par Statistique Canada. Il était de 3,1 % en novembre, mais la plupart des économistes s’attendent à ce qu’il ait remonté en décembre.

Les prix élevés de l’énergie, des aliments et des logements empêcheront l’inflation de baisser plus rapidement, selon le sondage mené auprès de 700 à 800 chefs d’entreprises canadiennes à la fin de 2023.

Les entreprises sont moins nombreuses à vouloir augmenter leurs prix plus qu’elles ont l’habitude de le faire, parce que la demande faiblit.

Les entreprises qui ont l’intention de continuer à augmenter leurs prix plus souvent et de façon plus importante citent les salaires, l’augmentation passée du coût de leurs intrants et la nécessité de rétablir leur marge bénéficiaire.

Du côté positif, un nombre croissant d’entreprises estiment qu’il est plus facile d’embaucher et que les pressions salariales diminuent. L’augmentation de salaire qu’elles s’attendent à donner au cours des 12 prochains mois diminue, mais demeure élevée, à plus de 4 %, alors que la moyenne historique tourne autour de 3 %.

Sans surprise, les entreprises disent souffrir d’un resserrement des conditions de crédit. Ce sont les entreprises du secteur du commerce de détail, de l’hébergement, de la restauration et du divertissement qui sont les plus touchées. Les prêteurs sont en effet prudents parce qu’ils prévoient que les dépenses de consommation vont continuer à baisser.

Les consommateurs achètent l’essentiel

Le sondage de la Banque du Canada auprès des consommateurs confirme qu’un nombre croissant d’entre eux prévoient de freiner leurs dépenses parce que leur situation financière s’est détériorée. Dans des entrevues de suivi au sondage, ils précisent qu’ils achètent seulement l’essentiel, qu’ils délaissent les marques au profit des marques maison dans les épiceries et qu’ils achètent des produits en solde.

Comme les entreprises, les consommateurs constatent que le marché du travail n’est plus aussi favorable et que le taux de chômage augmente, mais ils s’attendent tout de même à recevoir des salaires plus élevés.

Du côté des entreprises, la principale préoccupation est maintenant la détérioration de l’économie, note l’économiste Claire Fan, de la Banque Royale, et non plus les pénuries de main-d’œuvre et les problèmes d’approvisionnement. Le niveau actuel de l’inflation est toutefois encore trop élevé pour justifier une baisse des taux d’intérêt au cours des prochains mois, selon elle.