(Washington) Les responsables de la Fed sont divisés sur le moment opportun pour commencer à abaisser les taux, la plupart d’entre eux privilégiant une approche prudente, quand certains jugent risqué de démarrer tardivement, selon le compte-rendu de la dernière réunion, publié mercredi.

« Les participants ont souligné l’incertitude associée à la durée pendant laquelle une politique monétaire restrictive devra être maintenue », est-il écrit dans les minutes de la dernière réunion de la banque centrale américaine, qui s’était tenue les 30 et 31 janvier.

Ainsi, « la plupart des participants ont souligné les risques qu’il y aurait à agir trop rapidement pour assouplir la politique », détaille ce document.

Ceux-ci « ont souligné l’importance d’évaluer soigneusement les données disponibles pour déterminer si l’inflation descend durablement à 2 % », est-il précisé.

Commencer prématurément à abaisser pourrait en effet conduire à un rebond de l’inflation.

Mais « quelques participants ont toutefois souligné les risques pour l’économie associés au maintien d’une position trop restrictive pendant trop longtemps », détaillent encore les minutes.

Dans ce scénario en effet, l’économie américaine ralentirait trop fort, ce qui pourrait conduire à une forte hausse du chômage, voire même à une récession.

Une gouverneure de la Fed, Michelle Bowman, a d’ailleurs de nouveau souligné mercredi, lors d’un évènement à Washington, qu’elle n’anticipe pas de baisse imminente des taux.

«  Ce n’est certainement pas maintenant », a-t-elle dit. « Il sera temps, à un moment donné, de commencer le processus de baisse des taux, mais étant donné l’incertitude des données, je ne suis tout simplement pas confiante ».

« Nous avons amplement le temps, je pense, pour […] avoir davantage confiance dans la direction que prend l’économie », a souligné cette responsable, jugeant « très difficile d’avoir une idée réelle de la performance de l’économie, avec un PIB solide, un marché du travail très tendu et une inflation qui diminue […] aussi rapidement que nous le souhaiterions ».

Le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) avait, lors de cette réunion, maintenu son principal taux directeur dans la fourchette de 5,25 à 5,50 % dans laquelle il se trouve depuis juillet.

Mais le FOMC avait averti qu’avant de commencer à abaisser les taux, il veut être certain de ne pas se lancer trop tôt.

Le comité, ainsi « n’anticipe pas qu’il soit approprié de réduire les taux, tant qu’il ne sera pas plus sûr que l’inflation est en train de baisser de façon durable vers 2 % », niveau cible, selon le communiqué publié à l’issue de la réunion.

Le président de la Fed, Jerome Powell, avait enfoncé le clou lors de sa conférence de presse, jugeant « peu probable que le Comité atteigne, d’ici la réunion de mars, un niveau de confiance » suffisant pour commencer à baisser ses taux.

La Réserve fédérale veut abaisser ses taux dans les mois à venir, après les avoir relevés à 11 reprises entre mars 2022 et juillet 2023, pour juguler la forte inflation.