L’économie canadienne a échappé de peu à une récession technique en 2023. Après un recul de -1,1 % au troisième trimestre, le produit intérieur brut a fini l’année sur une note positive avec une hausse annualisée de 1 %, a fait savoir jeudi Statistique Canada.

La récession est écartée et les chiffres sont meilleurs que prévu, mais l’économie souffre quand même d’une grande faiblesse, selon l’économiste de la Banque Nationale Matthieu Arseneau. « Si la croissance a été légèrement plus forte que prévu, cela ne signifie pas pour autant que l’économie canadienne connaît une période faste », a-t-il commenté.

C’est en partie la bonne tenue de l’économie américaine, la principale destination des biens et services produits au pays, qui a sauvé l’économie canadienne au dernier trimestre de l’année. Les exportations totales sont en hausse de 1,4 % au quatrième trimestre, selon Statistique Canada.

Pour toute l’année 2023, la hausse des exportations atteint 5,7 % pendant que les importations affichent une croissance beaucoup plus modeste de 1 %.

La croissance annualisée de 1 % de l’économie canadienne au dernier trimestre de 2023 contraste avec la vigoureuse augmentation de 3,2 % aux États-Unis pour la même période.

Pour l’ensemble de 2023, le PIB affiche une hausse de 1,2 %, sa croissance la plus faible depuis 2016, à l’exception de l’année pandémique en 2022. La hausse des taux d’intérêt, l’inflation, les incendies de forêt et les grèves, y compris celle du secteur public au Québec en fin d’année, ont freiné l’économie en 2023, explique Statistique Canada.

Des entreprises paralysées

La faiblesse des investissements des entreprises canadiennes est un autre facteur qui explique l’écart de performance entre les économies canadienne et américaine.

Les profits des entreprises canadiennes sont en hausse au quatrième trimestre pour un deuxième trimestre consécutif, mais leurs investissements sont aussi en baisse pour un deuxième trimestre consécutif.

Cette baisse des investissements des entreprises alors que la population canadienne est en forte croissance est inquiétante, selon Florence Jean-Jacob, économiste chez Desjardins.

« L’écart de l’investissement réel par habitant avec les États-Unis a continué de se creuser, constate-t-elle. Cette tendance doit être inversée pour soutenir la croissance économique à long terme du Canada et maintenir sa compétitivité. »

Le contexte actuel de taux d’intérêt élevés ne favorise pas l’investissement, reconnaît-elle, « mais le report prolongé de ces dépenses entraînera davantage de problèmes à long terme en affaiblissant la croissance économique ».

Le bulletin de santé de l’économie canadienne au dernier trimestre de l’année est un peu meilleur que ne le prévoyait la Banque du Canada, qui s’attendait à ce que la croissance soit nulle.

Une estimation préliminaire de Statistique Canada indique que le PIB a commencé l’année en territoire positif, avec une croissance de 0,4 %.

Ces chiffres devraient laisser plus de temps à la banque centrale pour décider du meilleur moment pour commencer à réduire son taux directeur. Le taux devrait rester inchangé lors de sa prochaine annonce mercredi, prévoit la grande majorité des économistes qui s’intéressent à la politique monétaire.

Quant à la date de la première baisse, les paris restent ouverts.