Si la tendance se maintient, les champs de maïs du Québec seront particulièrement garnis, l'été prochain. Inspirés par une température clémente et une valeur marchande alléchante, les agriculteurs prévoient semer beaucoup plus de «blé d'Inde» que d'habitude.

À moins d'un mois des premiers ensemencements, les entreprises spécialisées en productions ou en vente de semences dénotent une forte augmentation de la demande de grains venant des fermes de maïs.

«Il y a une hausse de 7 ou 8%», évalue Martin Marquis, directeur marketing, division des semences, chez le distributeur Synagri. «C'est beaucoup, admet-il. Habituellement, quand il y a une augmentation, elle est plus de l'ordre de 2 ou 3%. Lorsque ça ne baisse pas.»

Flambée de l'éthanol

Qu'est-ce qui explique, alors, cet emballement soudain pour ce grain dans les champs québécois? Si les causes sont nombreuses, le prix du maïs (actuellement environ 6,55$US par boisseau) et celui de l'éthanol sur les marchés boursiers en sont les grands responsables.

«Les agriculteurs sont des hommes d'affaires. Ils veulent du rendement et avec les prix actuels du maïs et la demande croissante pour l'éthanol, ils optent pour ça», explique le directeur du commerce à la Fédération des producteurs de cultures commerciales, Ramzy Yelda, qui prévoit un penchant semblable pour le soja dans les champs de la province à cause des importations chinoises.

Déjà, aux États-Unis, on prévoit ensemencer cet été la plus grande superficie de maïs en 75 ans avec quelque 95,9 millions d'acres, selon un rapport du USDA sur l'ensemencement publié le 30 mars. S'il est encore trop tôt pour parler de record en sol québécois, nul doute que les producteurs d'ici emboîteront le pas à leurs voisins du Sud.

«Beaucoup d'agriculteurs consacreront un ou deux champs de plus que prévu au maïs», croit M Yelda. Une tendance que remarque Michel Robert, copropriétaire d'une ferme au Témiscamingue. «Ça se parle beaucoup dans la région», dit-il en espérant que le prix du maïs entraînera celui des autres céréales dans sa montée.

Même si cela fait déjà quelques années que l'éthanol gagne en popularité à l'échelle internationale, les agriculteurs n'ont pas pu en tirer pleinement profit au cours des dernières années «Avec les derniers printemps complètement pourris qu'on a eus, ç'a été difficile, dit M Yelda. Cette année, si la météo continue comme ça, on est bien parti.» C'est aussi dame nature qui aura le dernier mot sur les récoltes. Parce que plus de semis n'équivalent pas nécessairement à plus de maïs. «On sème, mais on ne sait pas si on va récolter», dit le cultivateur Daniel Langlois.

Le maïs est généralement semé entre le 1 et le 15 mai, selon la sorte, afin d'être prêt assez tôt dans la saison. La production est mise en péril lorsque la saison froide s'étire, entre autres choses.