Face à un concurrent majeur pour l'achat de l'Américain Casey's (CASY), Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) pourrait être forcée d'augmenter son offre au-delà des 2 milliards US s'il tient à son ambition, selon des analystes.

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Mais jusqu'à quel prix? D'autant qu'au-delà de 40$US par action, qui est le prix de l'offre concurrente attribuée à 7-Eleven, selon la presse d'affaires américaine, les avantages financiers de l'achat de Casey's pour Couche-Tard seraient de moins en moins évidents.

«Jusqu'à 40$US par action, Couche-Tard profiterait d'un apport net immédiat à son bénéfice. Mais si le prix pour Casey's s'élève dans la quarantaine, le calcul de rendement s'érode rapidement. C'est pourquoi une offre de Couche-Tard au-delà de 40$US par action m'apparaît improbable», souligne Irene Nattel, analyste en commerce de détail chez Marchés des capitaux RBC à Toronto, dans une note à ses clients-investisseurs.

Pour le moment, la dernière offre de Couche-Tard - majorée deux fois depuis avril - cote à 38,50$US par action, ce qui semblait un prix suffisant en l'absence d'offre concurrente.

Mais Casey's a sérieusement brouillé le jeu de son prétendant québécois en annonçant en début de semaine, avec ses résultats trimestriels, qu'elle négociait désormais avec «une tierce partie stratégique» qui lui offre au moins 40$US par action, sans l'identifier toutefois.

Le lendemain, mercredi, le quotidien d'affaires américain Wall Street Journal a révélé que le concurrent de Couche-Tard pour l'achat de Casey's serait 7-Eleven, un géant sous contrôle japonais qui est le numéro un des dépanneurs aux États-Unis.

Depuis, aucune confirmation en ce sens n'a émané du siège social de Casey's en Iowa, ni de celui de 7-Eleven pour l'Amérique du Nord, situé au Texas.

En Bourse, les actions de Casey's ont encore gagné 1,9% hier pour clôturer à 43,95$US, un sommet historique qui traduit les attentes de surenchère d'offres parmi les investisseurs.

Silence media aussi au siège social de Couche-Tard à Laval, après le communiqué vivement réactif diffusé après l'annonce de Casey's en début de semaine.

N'empêche, le temps presse désormais pour le détaillant québécois, après cinq mois de procédures d'une offre jugée hostile par Casey's.

D'autant plus que Couche-Tard mise aussi sur un vote des actionnaires de Casey's à leur assemblée du 23 septembre prochain pour forcer le remplacement d'administrateurs défavorables à son offre.

Aussi, contrairement à son concurrent présumé 7-Eleven, le détaillant québécois n'a pas encore tenu de négociation avec la haute direction de Casey's, ni obtenu un accès à ses données d'affaires internes.

Il s'agit de l'essentiel «data room» dans le jargon des spécialistes en fusions et acquisitions d'entreprises.

Malgré ce contexte, «Couche-Tard devra accroître son offre s'il veut compléter la transaction», estime Derek Dley, analyste en commerce de détail chez Canaccord Genuity à Toronto.

«Couche-Tard a maintenant tout un concurrent (7-Eleven). Je doute fortement qu'il puisse prendre le contrôle de Casey's au prix courant de son offre», selon l'analyste Benjamin Brownlow, qui suit Casey's chez la firme boursière Morgan Keegan, de Memphis au Tennessee.

Rappelons qu'Alimentation Couche-Tard veut acheter Casey's General Store pour en faire une nouvelle filiale de 1500 dépanneurs en propriété directe dans les États du Midwest américain.

Cette acquisition permettrait au détaillant québécois de se doter d'une filiale performante dans une région d'expansion prioritaire aux États-Unis.

Mais aussi, Couche-Tard réaliserait un bond de croissance pour devancer 7-Eleven au premier rang des plus grandes entreprises de dépanneurs au sud de la frontière.