Samedi soir, 18h. Dans une heure, le Canadien affrontera les Rangers sur la glace du Centre Bell. Autour de l'amphithéâtre, les voitures circulent déjà parechoc contre parechoc. La congestion est importante.

Le scénario est loin d'être rare. Le Centre Bell est au 2e rang des arénas les plus fréquentés en Amérique du Nord, avec 141 événements majeurs présentés l'an dernier, selon la firme Pollstar. Une popularité qui laisse présager tout un casse-tête pour les milliers de nouveaux résidants qui arriveront dans le secteur d'ici quatre ans.

«Je ne pense pas que c'est un grave problème, mais je suis certain que des nouveaux résidants vont se plaindre, lorsqu'ils voudront rentrer chez eux après l'opéra et qu'ils resteront coincés pendant 30 minutes dans un bouchon», dit Paul Lewis, vice-doyen de la faculté de l'aménagement de l'Université de Montréal.

Au moins quatre tours de 40 à 50 étages doivent être érigées d'ici 2016 dans les environs immédiats du Centre Bell. Un boom de construction qui répond en tous points à l'objectif de densification visé par la Ville de Montréal, sans toutefois exclure une réalité bien concrète: plusieurs habitants de ces immeubles auront eux aussi des voitures.

Le complexe Roccabella, par exemple, offrira 500 places de stationnement aux résidants de ses deux tours de 40 étages. L'Avenue (50 étages) comptera 250 stationnements et la Tour des Canadiens, 263.

Les acheteurs de ces condos constituent une clientèle «relativement fortunée» et «très motorisée», souligne Paul Lewis. «Souvent, les gens ne se rendent pas compte de ce que ça va causer comme inconvénient. Dans le Quartier des spectacles, par exemple, il y a beaucoup de plaintes à cause du bruit... même si les gens ont acheté là pour être au coeur de l'action.»

L'urbaniste - qui applaudit cette densification - croit néanmoins que les futurs résidants du quadrilatère sauront adapter leurs entrées et sorties en fonction des événements prévus au Centre Bell. Cette construction fera en outre disparaître le vaste stationnement de surface en face du Centre Bell, lui-même source de va-et-vient.

Les promoteurs confiants

Selon les promoteurs et courtiers consultés par La Presse Affaires, le spectre des embouteillages est loin d'effrayer les acheteurs potentiels.

Alexandre Tazi, courtier au Groupe Londono qui a vendu au moins quatre appartements à la Tour des Canadiens, soutient qu'environ «les deux tiers» des acquéreurs du projet sont des investisseurs, donc moins sensibles à une éventuelle congestion.

Daniel Peritz, vice-président principal de Canderel, qui bâtit la Tour des Canadiens, indique pour sa part que des études professionnelles n'ont pas révélé de problèmes de congestion. Et il rappelle que l'immeuble sera directement relié au métro.

Le promoteur de L'Avenue, Michael Broccolini, affirme de son côté qu'aucun acheteur du complexe n'a soulevé l'enjeu des embouteillages jusqu'à maintenant.

«La façon dont on a réglé la situation, c'est que l'entrée de notre stationnement sera sur la rue Drummond, et non pas sur l'avenue des Canadiens. Et la Ville est dans le processus de transformer Drummond en rue à deux voies.»

Le Roccabella estime enfin avoir un avantage comparatif, puisque son stationnement bénéficiera de deux accès: par la rue Drummond et le boulevard René-Lévesque. Les deux rues les plus problématiques du quadrilatère seront l'avenue des Canadiens - directement en face du Centre Bell - et la rue de la Montagne, croit Karen Wisdom, vice-présidente des ventes.

L'arrondissement de Ville-Marie a confirmé jeudi que la transformation de Drummond en rue à deux voies est à l'étude entre René-Lévesque et l'avenue des Canadiens.