Les grands patrons japonais réunis mardi pour marquer le Nouvel An ont estimé que leur pays pouvait afficher cette année une croissance modérée, tablant notamment sur les effets de la politique du premier ministre Abe.

«La stratégie de relance Abenomics (du chef du gouvernement) entre dans sa quatrième année et a assurément des effets», a déclaré lors d'une conférence de presse Sadayuki Shakakibara, le président du Keidanren, plus importante fédération patronale nippone.

Selon lui, «divers événements vont agir sur l'économie japonaise cette année». Il a cité l'accord de libre-échange transpacifique TPP, la baisse promise des impôts des entreprises et la relance progressive des réacteurs nucléaires.

«L'enjeu est de sortir de la déflation et d'avoir une stratégie de croissance claire», a-t-il insisté.

«Est-ce que cela va réveiller les investissements des entreprises, c'est ce qui m'intéresse et ce que j'espère. Car ce qui compte surtout ce sont les fondamentaux économiques», a pour sa part insisté Akio Mimura, président de la Chambre de commerce et d'industrie du Japon.

M. Mimura s'est inquiété de la pénurie de main-d'oeuvre qui menace le Japon et des effets négatifs sur les petites entreprises importatrices de la baisse du yen, même si celle-ci profite aux grands groupes exportateurs.

«La façon dont les entreprises utilisent leur argent est un facteur important», a renchéri Yoshimitsu Kobayashi, son homologue de l'organisme des hommes d'affaires Nippon Doyukai.

Ce dernier a regretté que «les dirigeants japonais soient trop lents à décider, à s'adapter à la rapidité croissante du monde des affaires qui évolue désormais dans un univers en partie virtuel».

Estimant que les États-Unis tirent l'économie internationale, les patrons ont aussi souligné l'importance de l'évolution de la situation chinoise.

Le président du Keidanren a par ailleurs rappelé que l'organisme souhaitait «que les entreprises qui sont dans une meilleure situation étudient une augmentation des salaires de base qui dépasse celle accordée l'an passé».

Le premier ministre n'a pas cette fois participé à la réception des grands patrons. Il s'est rendu dans le sanctuaire shinto Ise Jingu (préfecture de Mie), région du centre du Japon qui accueillera le sommet du G7 en mai.

Cette absence de la traditionnelle «shinnenkai» des milieux d'affaires a été qualifiée de «regrettable, mais compréhensible» par le président du Keidanren.

«Il a préféré les dieux, c'est légitime», a plaisanté son alter ego du Doyukai.

«C'est une année de défi et l'économie est la plus haute priorité», avait lancé lundi face aux élus et journalistes le premier ministre au cours de sa première conférence de presse de 2016 et dans un discours d'inauguration de la session parlementaire de 150 jours.

M. Abe était revenu au pouvoir fin 2012 grâce à son discours économique volontariste face à la déflation et à l'appréciation du yen, mais l'an passé il avait eu tendance à mettre au second plan sa stratégie de réformes structurelles pour faire passer des lois de défense impopulaires qui lui tenaient particulièrement à coeur.

Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a par ailleurs indiqué mardi que M. Abe n'assisterait pas cette année au Forum économique de Davos (Suisse), préférant être présent à la session parlementaire avant les élections sénatoriales de cet été.