La consommation chinoise de charbon a de nouveau reculé en 2015, sous la pression d'un vif ralentissement économique et des efforts environnementaux de Pékin, a indiqué le gouvernement lundi, mettant en garde contre la probable disparition d'environ 1,3 million d'emplois dans le secteur.

La quantité de charbon brûlé par la Chine a baissé de 3,7% l'an dernier, selon des chiffres publiés par le Bureau national des Statistiques (BNS), après un repli de 2,9% en 2014. Le BNS n'a toutefois pas précisé le volume consommé en 2015.

Le charbon, dont la Chine est le premier consommateur mondial, reste l'indispensable carburant de la croissance du géant asiatique, fournissant en 2015 quelque 64% de l'énergie du pays, selon le BNS, contre 66% en 2014.

La consommation du pays a doublé sur la décennie 2004-2014, jusqu'à dépasser 4 milliards de tonnes par an.

Pékin avait même reconnu en novembre avoir massivement sous-évalué sa consommation des dernières années, révisant ses statistiques en nette hausse.

Le coût environnemental est lourd: une explosion des émissions de gaz à effet de serre et une pollution atmosphérique endémique dans les grandes métropoles. Sur 366 grandes villes chinoises examinées par l'organisation Greenpeace, quelque 80% ne respectaient pas en 2015 les normes nationales de qualité de l'air, pourtant peu sévères.

Mais le net essoufflement de la croissance économique chinoise, au plus bas depuis un quart de siècle, accompagné d'un violent ralentissement de la production industrielle, plombe désormais la demande.

Les grands groupes miniers (majoritairement publics), qui ont gonflé toujours davantage leur production pour compenser l'effondrement des prix, se débattent désormais avec de sévères surcapacités et ne survivent que grâce à l'endettement et aux subsides gouvernementaux.

Comme les aciéries, le secteur minier taille déjà brutalement dans les salaires des employés et devrait connaître sur les prochaines années de massives suppressions de postes, a averti lundi lors d'une conférence le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale.

Environ 1,3 million d'emplois liés au charbon devraient disparaître, a estimé le ministère, faisant également état de 500 000 postes supprimés dans le secteur de l'acier.

Le recul de la demande de charbon reste cependant une bonne nouvelle pour l'environnement, observaient lundi plusieurs spécialistes.

«Ces chiffres du BNS montrent que la Chine est en bonne voie de dépasser les objectifs climatiques fixés à Paris» durant la COP 21, a estimé Lauri Myllyvirta de Greenpeace. «Même si la tendance ne s'accélère pas aussi vite qu'il serait possible».

Pékin s'est engagé à stabiliser ses émissions de CO2 «autour de 2030».

La Chine a par ailleurs promis de moderniser d'ici 2020 ses centrales au charbon afin de diminuer de 60% les émissions des «principaux éléments polluants».